Délices d'églantiers
Par une belle journée, au creux des vallons, en lisière des bois, nous partons à la recherche d'églantiers, ces rosiers sauvages avec lesquels on réalise de si bonnes choses...
Les compotes et les gelées.
Polymorphe, l'églantier (Rosa canina) compte une vingtaine d'espèces dont les fruits rouges, les cynorrhodons, différents par la taille et la forme, sont tous comestibles. Riches en vitamines A et C, en tanins, ces baies au goût acidulé ne se récoltent qu'après que les gelées les aient fait mollir. Les enfants les dégustent crus au fil de la promenade, les pressant pour extraire la pulpe, prenant soin d'éviter les graines et les poils qui leur ont valu le nom populaire de gratte-cul. Les fruits les plus charnus permettent la réalisation de délicieuses confitures. On les cuits jusqu'à éclatement dans un peu d'eau (10cl pour 1kg) puis on les passe au moulin légumes pour éliminer grains et poils. La compote liquide obtenue est ensuite additionnée de la moitié de son poids en sucre et recuite jusqu'à ce qu'elle se fige en refroidissant. Plus aléatoire à réaliser mais nettement plus riche en vitamine C, la "purée crue" nécessite la cueillette de fruits très mûrs qui, passés au presse-purée puis au tamis fin à l'aide d'un pilon de bois, donnent une purée rouge à additionner de miel (500g de miel pour 1kg de pulpe). Une cuillérée à café de cette délicieuse compote crue couvre notre besoin quotidien en vitamine C.
Le thé sauvage
En montagne, on confectionnait autrefois un "thé d'églantier" de saveur acidulée, obtenue par séchage rapide du fruit ouvert et débarrassé de ses poils et graines.
Cette boisson tonique et astringente apportait des vitamines, rares en hiver. Les propriétés toniques et dépuratives du cynorrhodon en font la base d'une cure antifatigue bonne à suivre tout l'hiver. Alors profitons des dernières cueillettes...
PROTÉGEZ
le tronc des jeunes arbres, les fines écorces étant convoitées par les lapins et les chevreuils. Utilisez les manchons de grillage plastique pour éviter ces morsures qui peuvent êtres fatales.
CONSERVEZ
au jardin seulement les choux dont les pommes sont bien serrées, ce qui évite l'accumulation d'eau froide, facteur de pollution.
TAILLEZ
uniquement en basse altitude, par temps doux, les arbres fruitiers à pépins ou à petits fruits : framboisiers, groseilliers et cassissiers.
TAILLEZ
les jeunes arbres à pépins plantés l'hiver dernier. En cette période de repos de la végétation, commencez à former la charpente des jeunes scions en raccourcissant leur tige de façon à favoriser l'émission de rameaux latéraux.
TRAITEZ
pommiers et poiriers contre la tavelure avec de la bouillie bordelaise.
DÉTERREZ
les topinambours au fur et à mesure de vos besoins, pour qu'ils gardent e petit goût d'artichaut. Déterrés trop tôt, vous ne pourrez plus les éplucher !
COUVREZ
de paillassons, toiles de jute ou cartons le tunnel qui abrite vos mâches. Cette inesthétique mais efficace protection vous permettra de déguster de délicieuses salades à Noël.
VÉRIFIEZ
les clôtures et réparez-les si besoin afin de vous protéger des chevreuils, lièvres, sangliers et autres visiteurs affamés venus de nos forêts.
RÉCOLTEZ
les choux, scaroles et chicorées que vous entreposerez la motte bien enveloppée dans un papier journal humidifié. Si votre cave est trop sèche, laissez-y un bol d'eau ou aspergez le sol de temps à autre.
COUVREZ
les vivaces frileuses : chrysanthèmes, asters, monardes... avec de la fougère maintenue par des branchages de conifères. Efficace mais légère cette couverture évite tout risque de pourrissement.
SAUPOUDREZ
les cendres de bois sur les planches qui accueilleront, en mars, les plantations d'ail, d'oignons et échalotes. Elles apportent, entre autres éléments, la potasse qui leur est nécessaire.
STRATIFIEZ
les noyaux ou les pépins des fruitiers que vous désirez semer au printemps.
Conservez le charbon de bois
Lorsque vous tamisez les cendres pour les épandre au pied des arbres ou sur les planches du potager, récupérez le charbon de bois. Une fois broyé à l'aide d'un marteau, il sera saupoudré, au printemps, sur les jeunes semis. qu'il protégera efficacement de la fonte.
Cueillez les prunelles
Le prunier épineux (Prunus spinosa) ou prunellier, aime les haies et les lisières forestières ; il pousse jusqu'à près de 1000m d'altitude. Il est à présent couvert de petites billes bleues, d'un goût âcres mais consommables dès lors qu'elles ont subies les premières gelées. Elles sont communément utilisées pour préparer la liqueur de prunelles, mais savez-vous que l'on peut en faire gelées et compotes. Essayez donc ce dessert peu commun : 300g de prunelles pour 80g de sucre, un verre d'eau, un verre de vin blanc, un zeste de citron, une pincée de cannelle et de sel, à laisser cuire jusqu'à obtention d'une compote qui, débarrassée de ses noyaux, sera servie tiède et proposée avec un peu de crème fraîche...
En attendant la plantation
Si vos commandes d'arbres arrivent trop tard, alors que le sol est détrempé voire gelé, ou si elles arrivent trop tôt et que le terrain n'est pas prêt, mettez-les en attente dans un local non chauffé mais hors gel. Si cette attente avant plantation menace de se prolonger au-delà de quelques jours, préférez-lui la mise en jauge à l'extérieur. Attendez de toute façon pour creuser votre jauge que le sol soit ressuyé ou dégelé. Prévoyez, dans un endroit abrité du jardin, une tranchée assez profonde pour que les racines soient enfouies loin de la zone de gel. En montagne, la terre gèle fréquemment sur 20 cm avant que la neige ne la recouvre de son voile protecteur. Posez vos arbres légèrement couchés, pour qu'ils restent inclinés une fois les racines recouvertes de terre. En altitude, recouvrez la jauge d'au moins 20 cm de paille ou de tourbe. N'arrosez - opération souvent superflue en cette saison- que par une belle journée ensoleillée.
La durée de cette mise en jauge ne doit pas être trop longue, car l'arbre commencerait à s'enraciner et subirait un nouveau stress lors de sa plantation. Toutefois, si elle devait se prolonger, raccourcissez un peu les racines avant de planter vos arbres pour favoriser leur adaptation.
Jardinez à la maison
La plupart des bulbes de printemps (crocus, narcisses, tulipes, muscaris...) s'épanouissent à l'intérieur de nos maisons en plein cœur de l'hiver, pour peu qu'ils aient subi le traitement adéquat.
À l'achat des bulbes déjà forcés, nous préférons le "forçage maison", plus productif et plus économique. Le forçage correspond à une mise en végétation accélérée où les bulbes subissent un petit hiver (froid et obscurité) avant de connaître un petit printemps artificiel (chaleur et lumière). Plaçons vos bulbes trois semaines dans le bac du réfrigérateur avant de les enterrer, bien serrés les uns contre les autres, dans des pots remplis de terreau et de sable que vous arroserez légèrement. Mettez ces pots dix jours minimum dans une totale obscurité, dans une pièce tempérée, en maintenant la terre humide. Puis vous les sortirez en pleine lumière pour que les premières fleurs apparaissent. Leur durée de vie est d'environ huit jours. Vous pouvez la prolonger en mettant les fleurs la nuit dans une pièce non chauffée. Pour obtenir ce mini-jardin intérieur à l'avant-goût de printemps, tout au long d'un hiver qui tend à se prolonger en montagne, il vous suffit de remplacer les bulbes sortant du réfrigérateur par de nouveaux bulbes afin que la production soit continue.
Aidons les oiseaux
Les oiseaux sont les meilleurs auxiliaires du jardin naturel. Amateurs d'insectes ravageurs, ils contribuent à l'équilibre de notre coin de nature. Aussi le jardinier se doit-il de les aider à passer cette saison difficile.
L'oiseau montagnard
Bien que mieux adapté au froid, par son poids et son plumage plus fourni, que l'oiseau des plaines, l'oiseau hivernant en montagne doit, chaque jour, trouver sa nourriture malgré la neige te le froid. C'est là que notre aide est la plus précieuse. En installant une aire de nourrissage ou une simple mangeoire, nous limitons la mortalité, très importante à cette période, et nous nous assurons d'un joyeux ballet hivernal.
Une nourriture choisie...
Les installations sont multiples et vont des modèles classiques à d'originales structures ou chacun peut donner libre cours à son imagination. Mais n'y mettez pas n'importe quoi ! La mie de pain est à proscrire. Les corps gras s'imposent (s'ils ne sont pas salés) : suif de bœuf ou de mouton, saindoux, margarine, beurre doux.
Des noix ou des cacahuètes (non salées bien sûr) suspendues dans un filet conviennent particulièrement aux mésanges et à la sittelle, consommatrices acrobates et délurées. Les graines oléagineuses (tournesol, chènevis) font la joie de la plupart des visiteurs de la mangeoire, notamment les granivores (chardonneret, verdier, pinsons des arbres et du Nord, gros-bec, tarin des aulnes...). Les mélanges de millet blanc, avoine, blé, chènevis concassé ont la préférence d'oiseaux habituellement insectivores comme le rouge-gorge. Les fruits gâtés sont appréciés des merles et des grives, sur un plateau ou posé au sol. Une demi-pomme fichée sur une branche a la faveur de la fauvette à tête noire...
Et quelques soins...
Il est important de nourrir régulièrement les oiseaux, au moins une fois par jour et si possible le matin, car ils n'ont pas de réserves. La régularité est primordiale car ils s'habituent au rythme de nourrissage. Celui-ci est à concevoir comme une aide temporaire. Il n'est utile que lorsqu'un gel prolongé ou un manteau neigeux empêche les oiseaux de trouver seuls leur nourriture. Le prolonger au-delà de ces mois difficiles rend les oiseaux dépendants et les fragilise. Pensez à nettoyer fréquemment les mangeoires en ôtant les fientes et les salissures pour éviter épidémies et salmonelloses.
N'oubliez pas l'eau
Mettez également en place un ou plusieurs abreuvoirs de faible profondeur où les oiseaux peuvent se désaltérer, et renouvelez l'eau souvent, surtout quand il gèle. Placez la mangeoire en un lieu inaccessible aux chats, rats... mais accessible au regard. Visible d'une fenêtre pour ne rien rater du spectacle, le nourrissage des oiseaux en hiver, au-delà de son utilité, étant une source de passionnantes observations.
Des choux bien adaptés
De nombreux choux pommés sont adaptés à la culture en altitude. Leur résistance au froid (jusqu'à -10°C) permet de les garder en place au potager et de les récolter au fur et à mesure des besoins au fil de l'hiver. Une fine couche de neige peut même les protéger des froids plus intenses. Sinon, vous pouvez les recouvrir de paille ou de feuilles mortes, mais n'oubliez pas de les aérer lorsque le temps se radoucit ou tourne à la pluie.
Pour conserver les potirons
Une fois récoltés, potirons et citrouilles se conservent plusieurs mois sans problème. La plupart sont même meilleurs au bout de quelques semaines, leur chair devenant plus parfumée et plus sucrée.
Pour obtenir de bons résultats, il faut absolument que ces fruits soient placés à bonne température (10-15°C) et surtout en situation aérée afin qu'ils respirent. Le support devra être le plus poreux possible pour que l'air circule sous les fruits.
Bouturez les feuillus
Si vous n'avez pas pu le faire cet automne, il est encore possible, à condition qu'il ne gèle pas, de bouturer vos feuillus : troène, sureau, cornouiller, groseillier à fleurs, forsythia, églantier, spirée, weigelia... Prélevez des petits fagots de 5 ou 7 boutures par espèces pour assurer vos chances. Enfoncez-les dans un substrat sableux d'où dépasserons deux ou trois bourgeons. Ces boutures devront passer l'hiver dans une pièce fraîche et le substrat devra rester en permanence humide afin que les radicelles puissent se développer.
chou de Milan 'Wintessa'
Adoptez la rose de Noël
Seule plante herbacée à fleurir en hiver sous nos climats, l'hellébore noir (Helleborus niger) n'est pas une rose, mais une renonculacée capable de s'installer dans nos forêts alpines, où elle aime les sols calcaires, caillouteux et riches en humus. Il est devenu rare à l'état sauvage, mais son acclimatation a heureusement parfaitement réussi dans nos jardins. Il aime les coins ombragés, là où le sol est riche et drainant. Il se multiplie par division de souche ou par semis de graines qu'il faudra exposer au froid hivernal jusqu'en février. Après avoir levé la dormance en les plaçant au chaud dans la maison, pendant deux semaines, vous les sèmerez sous châssis froid au mois de mars. Si les jeunes plants issus de semis poussent lentement et ne fleurissent qu'au bout de trois ou quatre ans, les touffes vendues en jardinerie en automne sont en général en fleurs à Noël. C'est pourquoi en basse altitude, en sol non gelé, leur installation reste possible avec une floraison qui se terminera à la fin de l'hiver.
D'autres hellébores de montagne
Savez-vous qu'il existe deux autres hellébores capables de pousser dans nos jardins jusqu'à 1500 m d'altitude ? Le premier est l'hellébore fétide (Helleborus foetidus), est assez commun en France, mais qui se plaît particulièrement sur les éboulis et les terres chamboulées plutôt sèches. La plante mesure entre 50 et 80 cm. Son originale floraison verdâtre, entre février et avril, mérite sa place dans une rocaille un peu sauvage par exemple. Le second, l'hellébore vert (H. viridis) est beaucoup moins commun (on le trouve surtout dans les Pyrénées) et plus discret. Haut de 40 cm, il vit volontiers à l'ombre des forêts feuillues et fleurit un peu plus tard (entre mars et avril).
Ces deux hellébores sont protégés dans certaines régions (Limousin et Provence-Alpes-Côte d'Azur notamment), mais quelques pépinièristes les multiplient pour les jardiniers amateurs qui souhaitent les introduire chez eux.
Helleborus niger
Helleborus foetidus
Mésanges bleues au bain d'hiver