Thème 8  INSTANTS DE BEAUTÉ   par Chantal T.

Le moment de beauté au travail, n'allez pas le clamer sur les toits, je I'invente. Il a dû s'échapper bien que les fenêtres soient toujours fermées à cause de l’air conditionné ! Et pourtant, ce n'est pas faute de l’avoir traqué, jusque dans les dossiers, dès que j'ai su qu'il pouvait exister.

La beauté, c'est tout, sauf le travail ! BING ! Je I'ai dit !

Je cours depuis trop longtemps dans la cité pour, chaque jour, m'installer face à un monstre qui s'appelait jadis machine à écrire. Je «réalise une œuvre» qui sort de mes méninges ou de celles des autres. Je la saisis, comme un steak pour qu'il soit tendre ; je l’imprime d'un «clic» sur une icône… Icône ! Image sacrée de I'art byzantin - petite peinture sur tablette de bois...Je ferme les yeux. Je me concentre. Je sens monter en moi I'extase d'un siècle lointain qui va m'emporter à Istanbul,  en Grèce,  en Russie…

C'est à ce moment que ma collègue s’écrit : Ça va pas ? T'es malade ?

Moment de beauté avorté, face à l’écran de mon micro-ordinateur Pentium II dernier cri, à mes icônes, je sombre dans la mélancolie.

En plus, je n'ai pas honte de le dire : je deviens un peu fainéante. Et puis, il paraît qu’on va m’évaluer, que je dois remplir des objectifs, et que, et que…Et que moi, j’ai envie de m’asseoir au bord de la rivière et de parler aux poissons qui sont au fond de l’eau. J'ai envie de prendre 35 heures pour délicatement poser mon pied sur l’herbe en prenant soin de ne pas écraser les insectes et les fleurs. Oui, c’est aussi sérieux que de sauter du lit pour être au bureau à l’heure !

Mais, stop ! Voilà ma conscience qui s’indigne. Elle a dû entendre que la beauté, c’est tout sauf le travail. Elle vient me rappeler le chômage, les jetables, les petits boulots, la crise économique pour les pauvres et les milliards des riches qui tournent autour de la planète et qui polluent la couche d’ozone …

On s’assoit toutes les deux sur un tabouret, le même pour faire corps, et on essaie de se comprendre, ma conscience et moi. Finalement, on trouve un compromis.

Si le travail est beau, si c’est le bonheur, chacun mérite sa part. Allons répartir ces moments de beauté ! Et c’est alors que, ma conscience et moi, sortons notre banderole où s’inscrit en gros le slogan :

À BAS LES EMPLOIS PARTAGÉS !

QUE VIVE LE BONHEUR PARTAGÉ !

CHANTAL T.