Thème 7 DE BEAUX DÉBUTS par Chantal T.
À Monique, Nicole, Françoise,
Annie, Sylvette, Yvette, Chantal...
1er septembre 1970 : entrée au 53 ter quai des Grands-Augustins. Au poulailler. Non, que dis-je ! au pool de réserve. Passage obligée des dactylos. 6ème étage. Sous les toits de Paris, entre Pont-Neuf et St Michel. Merveilleux souvenir : j’avais 20 ans ! J’ai toujours 20 ans, seules les années ont passé. La mini jupe a rallongé. Le vacarme des Underwood a cédé la place aux écrans du PC NT et c’est pas fini…
Trajectoire peu singulière, embarquée sur les rails de la sécurité de l’emploi et de la promotion sociale qui passe par Van Dyck, l’ancienne station de métro désaffectée, transformée en centre de formation.
L’aventure s’arrête aux frontières de l’Ile-de-France.
Pendant le temps passé au pool de réserve, les dactylos « faisaient leurs classes» : du papier toilette remis de la main à la main autant que de besoins, au signal de départ et d’arrêt de frappe donné par le chef ; des remplacements pour une semaine, un mois, une année dans les différents pools des directions de la RATP auxquels nous étions prêtées ; le même stencil que, pendant une semaine, la chef m'a donné à retaper tous les matins, au millimètre près, le flacon de « buchine » (gomme sur stencil) pour y boucher les trous, j'ai tenu bon.
Quand je suis arrivée, personne de ma petite famille ne travaillait dans la grande famille. C'est un élément que m'a fait observer le jour de mon embauche Madame Drexel, secrétaire du directeur du personnel qui m'a reçue «Il va falloir que vous fassiez vos preuves ! ». J’étais comme une orpheline dans la Maison RATP. À chaque remplacement, je découvrais un jargon, un état dans l'état, du réseau routier au réseau ferré. J'ai fini par me laisser apprivoiser par cette culture d'entreprise très forte, entretenue avec amour par les agents.
Pendant un an, j'ai «tourné», du Conseil de prévoyance aux Travaux Neufs, de Championnet au Mont-Cenis, de Diderot à Naples, au Comité d'entreprise, où je me suis arrêtée, je n'étais déjà plus «une bleue».
CHANTAL T.