Du terreau de fougère
Les fougères aigles (grandes fougères) sont les hôtesses des bois et des terres légères, pauvres ou plutôt acides. On en trouve à peu près partout dans les forêts, les landes et certaines prairies humides. Il est intéressant d'en incorporez au compost, mélangées à d'autres végétaux (feuilles mortes, paille, fumier frais...). Elles se décomposent facilement et donne un terreau léger, riche en silice, que la plupart des plantes potagères apprécient. Récoltez-les lorsque les frondes sont sèches, dans des sacs de toiles, en les tassant bien. Mais veillez à ne récolter que la grande fougère aigle (Pteridium aquilinum), certaines autres espèces étant protégées.
Protégez les aromatiques du froid
Persil, ciboulette, cerfeuil musqué, ail chinois, sarriette des montagnes, thym... ne requièrent pas de protection particulière contre le froid. Par contre, de nombreuses sauges, la rue, la menthe lavande, la menthe coq... demandent à être rabattues et isolées du froid. Coupez-les à 15cm au-dessus du sol, ou à défaut, de deux épaisseurs de voile de forçage non tissé. Si vous habitez une région vraiment froide, ajoutez une protection imperméable, type cloche de verre, châssis ou structure sur mesure faite de grillage de cage à lapin renforcé d'une bâche plastique. En cas de temps ensoleillé prolongé, aérez pour éviter la condensation et la reprise végétative prématurée.
Inépuisable chou frisé
Ce chou est une aubaine pour le jardinier paresseux... qui a pensé à le planter dans son potager ! En effet, il suffit de cueillir les feuilles une à une au fur et à mesure des besoins de la cuisine : soupes, potées, papillotes... Et il y en aura tout l'hiver, car il est rustique ! Mais lorsque vous aurez fini la cueillette, ne l'arrachez pas.
Dès le printemps, vous verrez démarrer des petites pousses (les tiges florales) : vous les cueillerez alors comme des jets de brocolis dès qu'elles feront une dizaine de centimètres. C'est délicieux.
Graines de courges
Il est possible de récolter les graines de courges ou de potirons pour les réutiliser l'année prochaine. Novembre est la meilleure période pour le faire. Choisissez les plus beaux fruits. Ouvrez-les en deux et sortez les graines à la main ou avec une solide cuillère. Essuyez-les en les frottant vigoureusement avec un torchon fin ou du papier absorbant. Détachez les fibres qui les entourent et les relient. Laissez-les sécher sur une assiette, à l'intérieur de la maison en veillant à les remuer tous les jours pour qu'elles ne moisissent pas. Ne les posez pas sur un radiateur : il faut qu'elles sèchent lentement sans se déshydrater. Elles seront prêtes en deux ou trois semaines. Vous pourrez alors les mettre dans un sachet de papier ou une boîte de plastique perforée. Vous les conserverez ainsi pendant au moins 5 ans. Mais lorsque vous les sèmerez, il n'est pas sûr que vous obtiendrez exactement le même type de fruit. En effet, les courges s'hybrident très facilement entre elles. Et si d'autres variétés poussent à proximité des vôtres, il est fort probable que vous obtieniez un hybride. Surprise...
Gourmandise
Graines à croquer
Les graines de courges ont une richesse exceptionnelle en protéines et en graisse : ne les jetez pas, mais préparez-les comme au Maghreb pour les croquer à l'occasion d'un apéritif, à la place des éternelles cacahuètes et des pistaches. C'est délicieux. Pour cela, passez les plus grosses graines au four chaud (30mn à 100°C) en les étalant sur une plaque. Surveillez et remuez pour qu'elles ne brûlent pas. Un fois froides, conservez-les au sec dans un bocal. Un petit coup de dent permet de retire l'amande de son enveloppe.
Si vous avez la patience de les décortiquez à l'avance, vous pourrez utilisez les graines épluchées, entières ou réduites en poudre, à la cuisine en guise d'amande ou de pignons de pin dans les salades, les pâtés végétaux ou certains plats chauds.
Récoltez les betteraves
Voici les derniers jours pour mettre à l'abri, votre récolte de betteraves de garde.
Il faut qu'elles soient rentrées avant les premières gelées. Pour cela profitez d'une journée sèche pour les sortir de terre à la fourche-bêche. Laissez-les sécher sur place pendant une journée complète, à condition qu'il ne pleuve pas et ne gèle pas. Si c'est le cas, rentrez-les sous abri sec et aéré. Le lendemain, supprimez le feuillage en le coupant 1cm au-dessus du collet à l'aide d'un couteau. Coupez également la pointe des racines. Mais ne les lavez pas ; brossez-les grossièrement si elle sont trop terreuses. Vous pourrez ensuite les rentrer dans votre cave ou votre cellier ou les installer dans une caisse-silo remplie de sable ou de tourbe légèrement humide. Elle s'y conserveront jusqu'en avril, si la pièce est assez fraîche (10-12°C maximum).
Le pois de Sainte-Catherine
En novembre, dans bien des régions, on semait traditionnellement des pois 'Michaux'. Il s'agissait de quelques variétés de pois à grains ronds (lisses), assez robustes pour passer l'hiver en végétation avant de démarrer au printemps et donner une récolte précoce (dès le mois de mai les bonnes années). C'est pourquoi on les appelait pois de la Sainte-Catherine. Ne le cherchez plus dans les catalogues , aucun grainetier ne le propose aujourd'hui. Il a été remplacé par des variétés aussi rustiques, comme Pois 'Serpette' (à ramer), 'Douce Provence' ou 'Très Hâtif d'Annonay' (nain). Les hivers doux de plus en plus fréquents peuvent nous inciter à tenter cette culture. Elle est simple. Dans votre potager, choisissez une planche bien exposée, si possible abritée des vents du nord. Déposez les semences en poquets de 6 ou 8 grains, espacés de 30cm s'il s'agit de variétés naines : comptez environ 1 grain tous les 3cm pour les variétés à ramer. Enterrez les pois à 4-5cm, puis montez une petite butte du côté nord du rayon de semis. Vous pouvez y appuyer des vitres pour accélérer la levée, puis un châssis léger qui protègera les jeunes plants en cas de gelée. Recouvrez les lignes de semis d'une petite couche de terreau ou de compost bien noir qui captera la chaleur. À cette époque, la levée peut demander un mois.
Orientez les choux au nord
Les choux pommés sont rustiques, mais il arrive que l'on en perde en hiver, souvent parce que le froid et l'humidité réussissent à pénétrer à l'intérieur des feuilles et à les faire pourrir, alors qu'un froid sec les fera moins souffrir.
Pour empêcher ce phénomène, faites comme les jardiniers autrefois : couchez vos choux en orientant leur tête vers le nord. Ainsi l'eau ne pourra plus rentrer dedans ; de plus tournés dos au soleil, ils dégèleront moins vite lorsque ke temps se remettra au beau (en effet, l'alternance gel-dégel accentue les phénomènes de décomposition). Pour les coucher, rien n'est plus simple. Enfoncez votre bêche côté sud, à l'aplomb de la tête des choux, et coupez les racines de ce coté. Ensuite, dégagez légèrement la terre du côté nord pour faire une petite tranchée dans laquelle vous coucherez doucement les têtes.
Vous pouvez aussi les transplanter complètement, avec une bonne motte de terre, pour les installer au pied d'un mur qui est toujours à l'ombre.
EN BREF...
Protégez les choux de Chine.
Si vous craignez des gelées un peu fortes dès le mois de novembre, n'oubliez pas les choux de Chine.
Certes, une petite gelée les attendrit, mais il est prudent de les mettre à l'abri. Comme vous ne les mangerez pas tous d'un coup, rentrez-les avec leur motte et installez-les dans des cageots que vous mettrez à la lumière mais à l'abri du gel. Ils attendront 2 ou 3 semaines pour passer sur la table.
Inventaire des semences.
N'attendez pas pour trier vos graines potagères et éliminer celle qui sont trop anciennes. Fouinez dans les catalogues et préparez vos commandes.
Chicorées italiennes.
Ne vous inquiétez pas de voir disparaître le feuillage d'été de vos chicorées : le gel ayant fait son œuvre, elles vont former leur vraie pomme d'hiver. S'il fait un peu froid, vous pourrez récolter à partir de décembre.
phacélie
Récoltez sans arracher
Un bon réflexe à prendre, lorsque vous récoltez vos légumes, consiste à les couper sans les arracher... (à l'exception des légumes racines : radis, carottes, navets et des tubercules : pommes de terre, etc.). En effet, les racines laissées dans la terre vont se décomposer lentement, laissant à cet emplacement un petit "puits" libre pour la circulation de l'air et de l'eau, empêchant la terre de se tasser.
Les racines de fabacées (anciennes légumineuses : haricots, fèves et pois) sont doublement intéressantes à ce titre, car elles portent des nodosités riches en azote, qui sera donc restitué à la terre, évitant des apports complémentaires d'engrais de ce type.
Bêche ou louchet ?
Si le jardinier ne devait posséder qu'un outil, il choisirait sans doute une bêche...ou un louchet. À vrai dire ils ont la même fonction au potager ; de plus ils se ressemblent. Pourtant, votre magasin d'outillage vous offre souvent le choix. Alors bêche ou louchet ?
La bêche a un emmanchement léger : on voit l'extrémité du manche au dos du fer, qui souvent est peint. Si vous avez une terre légère qu'il suffit d'ameublir en surface, choisissez la bêche, légère et maniable. Il existe aussi une bêche "col de cygne" (son fer n'est pas tout à fait dans l'axe du manche) que l'on peut utiliser comme une pelle étroite pour transporter terre, sable, compost... Ce peut-être un bon compromis au potager.
Le louchet conviendra bien si votre terre est lourde ou caillouteuse ou si vous devez la retourner en profondeur. Son emmanchement renforcé (on ne voit pas l'extrémité du manche au dos du fer) en fait un outil solide. Son fer en acier forgé et trempé est généralement nu et poli, ce qui empêche la terre de coller. C'est en quelque sorte une bêche de luxe, mais un peu plus lourde. Certains louchets (lorrain ou alsacien) possèdent un fer pointu, plus court qui facilite "attaque" du sol.
Pour ou contre le topinambour ?
Ce légume-racine a ses adeptes, qui adorent son petit goût de cœur d'artichaut, qu'il soit préparé avec une sauce blanche ou fricassé au beurre avec quelques oignons hâchés et des fines herbes. ses adversaires le rejettent dans les mêmes oubliettes (de la guerre ?) que le rutabaga, ignorant sa valeur nutritive. Curieusement, au potager les avis se partagent selon la même ligne : pour les uns, c'est une plante dont les grandes tiges portent de jolies fleurs jaunes. Pour eux, une ligne de topinambour dessine une une petite haie brise-vent assez efficace. Pour les autres, ce n'est qu'une peste, tout juste bonne pour nourrir les cochons, et dont il est difficile de se débarasser une fois introduite dans les plates-bandes !
Justement, c'est le moment de le récolter, sans oublier un seul petit tronçon en terre : il repartirait au printemps prochain. Si vous n'en avez pas , achetez des tubercules sur votre marché. Il en existe des longs (en fuseaux) et des ronds. Conservez-les au frais dans une caissette de tourbe jusqu'en mars prochain. Vous les planterez alors espacés de 60cm en les enterrant à 10cm (récolte à l'automne suivant).
Aromatiques
Repensez votre carré d'herbes
Lorsque l'hiver approche, on y voit plus clair ! Mais bien souvent, les plantes aromatiques ont pris leurs aises et se sont mélangées ou ressemées. Or, elles demandent une disposition assez rigoureuse si l'on veut en bénéficier comme il convient. Profitez des derniers beaux jours pour remettre chacune d'elle à sa place, en particuler les vivaces (thym, ciboulette, estragon, ache, sauge officinale, sarriette, oseille...).
N'hésitez pas à les déplanter et à les dédoubler avant de les réinstaller. Retaillez le thym, la sauge et la sarriette, et installez-les dans la partie la plus ensoleillée et la plus sèche de la plate-bande. Dédoublez aussi ciboulette, estragon, ache et oseille avant de les mettre à un emplacement plus frais. Réservez quelques carrés pour y semer persil, basilic ou anis l'an prochain.
Installez menthe s et mélisse dans des grands pots de terre ou de plastique, que vous enterrerez presque entièrement, pour contenir ces plantes envahissantes.
RÉCOLTEZ
les derniers légumes-racines : radis d'hiver, betteraves, carottes, panais, crosnes. Récoltez mâche, choux pommés et de Chine.
BLANCHIR
les cardons et les céleris à côtes et chicorée-frisées.Préparez les endives à forcer. Buttez les poireaux.
BUTTEZ ET PAILLEZ
les artichauts. Défaites les buttes des asperges. Paillez la rhubarbe.
PLANTEZ
l'échalote grise et l'ail d'automne.
COMMENCEZ
les labours et les bêchages des terres lourdes en y apportant fumier, compost...
RENTREZ
les légumes racines dans la cave : navets, céleris, carottes, radis.
REPIQUEZ
les laitues d'hiver.
PROTÉGEZ
les légumes qui restent au potager au moyen de tunnels ou de châssis mobiles.
Pteridium aquilinum
Louchet
Bêche