Page Table Paroles de femmes
Page HISTOIRES D'ORIGINES 1
Page 2 PORTRAITS CROISES 1
Page DETAILS DOSSIER 8 MARS
Page MENU GENERAL

Thème 2  PORTRAITS CROISES par Laurence POISSY




JE SUIS


Si j’étais le vent, je m'engouffrerais dans des voiles, juste pour les mouvoir.

Si j’étais la montagne, mon horizon serait changeant.

Si j'étais la mer, je fracasserais mes vagues sur la falaise pour que jaillisse l'écume.

Si j’étais l'oiseau, j'aurais de belles plumes pour écrire les mots, et pour les dire, un chant pur.

Je suis une femme.

Et c’est pour cela que je cherche la force d'être le vent, la montagne, la mer et I'oiseau pour accompagner les miens.



MON TRAVAIL :

Le Comité d 'entreprise ayant hérité en droite ligne de la rigidité hiérarchique de la RATP, les relations transversales sont parfois difficiles et beaucoup de projets n'aboutissent pas. Des orientations politiques sont évoquées sans qu'un contenu culturel ne soit claire- ment exprimé : la culture semble terrifier les personnes qui nous dirigent, que ce soit au niveau politique ou technique. Peut-être devrions-nous employer le terme de afin de dépassionner le sujet.

Je suis discothécaire et je dois créer le lien entre un visiteur et des livres et disques, que je choisis pour leurs qualités encyclopédiques ou ludiques. Je fais en sorte que le visiteur soit tenté de puiser sa nourriture intellectuelle et culturelle avec un plaisir chaque fois renouvelé. Pour lui et pour moi.

Ce travail me plaît, toutefois le facteur humain est assez absent de mon quotidien, car il se trouve que la hiérarchie qu'il m'a été donné de côtoyer n'a toujours été que pragmatique. C'est pourtant de la confrontation des idées de chacun que naît la richesse d'une activité, pas de I'acquiescement à des décrets.

Je ne puis m'empêcher de constater, après ces années passées au sein du Comité d'entreprise, que le bilan humain est négatif. Le relationnel est remplacé par le jeu des influences multiples et du rapport de force lié au pouvoir.

D'un point de vue purement professionnel c'est là que j'ai tout appris. On m'a permis de me qualifier à deux reprises (discothécaire et vidéothécaire) dans le cadre de la formation continue et la pratique de mon métier a fait le reste.

J'y ai fait des rencontres précieuses au fil des années.

J’ai le souvenir de ce samedi de juin où j'appris, par mon mari au téléphone que mon test de grossesse était positif. C’est juste à ce moment-là qu’est venue pour Ia première fois une jeune femme avec son bébé nouveau-né dans son landau. Je crevais d’envie de lui dire mon bonheur, mais je ne l’ai pas fait et à chaque fois que la bibliothèque était vide,  je dansais de joie au milieu des livres.

Je me souviens des premières visites de Dominique, avec qui je suis devenue peu à peu copine, car nous avons en commun le goût des délires verbaux, de la taille des costards  et de la bonne bière. Nous nous voyons maintenant parfois, en dehors de la bibliothèque, pour retrouver ce plaisir de discuter ensemble.

Et ce Monsieur B., adhérent du bibliobus dans lequel travaille mon mari, Alain. Celui-ci s'étant aperçu d'une parenté de goût de lecture entre nous, nous faisait donc échanger des titres et des noms d’auteurs par son intermédiaire.

Et puis, je pense aussi à tous ces enfants que j'ai vu grandir au fil des mercredis et des samedis, et qui sont presque devenus des adultes. Ils me saluent avec de grandes exclamations de plaisir quand, par hasard, aujourd’hui, nos chemins se croisent.


Je pars travailler chaque matin avec plaisir.

Et je suis parfaitement consciente de la chance que j'ai.


LAURENCE POISSY

  

Retour Vers LE 8 MARS

Retour ACCUEIL