Page VERLAINE
Page MENU GENERAL

              À LA PROMENADE


LE ciel est si pâle et les arbres si grêles

Semblent sourire à nos costumes clairs

Qui vont flottant légers, avec des airs

De nonchalance et des mouvements d’ailes.


Et le vent doux ride l’humble bassin,

Et la lueur du soleil qu’atténue

L’ombre des bas tilleuls de l’avenue

Nous parvient bleue et mourante à dessein.


Trompeurs exquis et coquettes charmantes,

Cœurs tendres, mais affranchis du serment,

Nous devisons délicieusement,

Et les amants lutinent les amantes,


De qui la main imperceptible sait

Parfois donner un soufflet, qu’on échange

Contre un baiser sur l’extrême phalange

Du petit doigt, et comme la chose est


Immensément excessive et farouche,

On est puni par un regard très sec,

Lequel connaître, au demeurant, avec

La noue assez clémente de la bouche.

 ACCUEIL

VERLAINE

POÈMES SATURNIENS