Sous les flots
I
Au fond lointain des mers sont des forêts mouvantes ;
Des poissons ont leurs nids, ainsi que les oiseaux,
Dans d’étranges massifs dont les fleurs sont vivantes
Autour errent légers les colibris des eaux.
Des monstres inconnus sous les flots vont s’ébattre,
Et la méduse bleue, et le poulpe blanchâtre
Errent à travers les rameaux.
Quand sur la mer paisible, on voit flotter les ombres
Des mornes vers le soir, de petits points brillants
S’étoilent en dansant dans les espaces sombres ;
Comme on voit dans les bois briller les vers luisants
Où parfois réunis, formant un disque intense,
Ils voguent lentement, pareils dans l’onde immense,
À des soleils étincelants.
II
La mer se retirant a laissé sur la grève
Un peu de son écume et des varechs flottants,
Et des êtres pareils à des formes de rêve,
Et l’on n’entend plus rien au loin que les brisants
C’est la paix du désert, la grande paix sauvage,
Que les flots gris du sable et les flots de la plage
Conservent dans leurs plis mouvants.