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Louise MICHEL

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LE LIVRE DU BAGNE

                          Paysage calédonien





Il est un noir rocher, près des flots monotones.

Où plane incessamment l’aile des grands cyclones ;

            Bloc tombé d’un sommet croulant,

Au bout de l’horizon c’est l’onde, toujours l’onde ;

Sous le soleil couchant toute la mer est blonde ;

            Les flots murmurent doucement.


Et les récifs profonds, les vagues et les nues,

Les mornes tout couverts de lueurs inconnues

            Sont dans les éblouissements.

Là, dans le vaste oubli, le farouche silence

De ce monde enfoui, continent en croissance,

            On écoute les éléments.


Quelques monstres restés des races formidables,

Dans le creuset des mers, les rochers et les sables ;

            L’onde frappant les hauts récifs.

L’île Nou, tout aride où parfois au rivage

Vient au bœuf égaré mêler sa voix sauvage

            Aux grands flots rauques ou plaintifs.


Tel est cet horizon qui chaque jour se pare,

Somptueux vêtement sur la nature avare,

            Des splendeurs du soleil couchant.

Tout resplendit, les flots, la forêt solitaire,

Les brousses de la baie ; on dirait que la terre

            Redevient un soleil ardent.


Et puis tout disparaît ; les mornes franges d’ombre,

S’estompent doucement, et l’île Nou plus sombre

            Baigne son ombre dans les flots ;

Et le grand clair de lune au front des rocs superbes

Met de blanches lueurs, illumine les herbes

            Et met des astres dans les eaux.