Paysage calédonien
Il est un noir rocher, près des flots monotones.
Où plane incessamment l’aile des grands cyclones ;
Bloc tombé d’un sommet croulant,
Au bout de l’horizon c’est l’onde, toujours l’onde ;
Sous le soleil couchant toute la mer est blonde ;
Les flots murmurent doucement.
Et les récifs profonds, les vagues et les nues,
Les mornes tout couverts de lueurs inconnues
Sont dans les éblouissements.
Là, dans le vaste oubli, le farouche silence
De ce monde enfoui, continent en croissance,
On écoute les éléments.
Quelques monstres restés des races formidables,
Dans le creuset des mers, les rochers et les sables ;
L’onde frappant les hauts récifs.
L’île Nou, tout aride où parfois au rivage
Vient au bœuf égaré mêler sa voix sauvage
Aux grands flots rauques ou plaintifs.
Tel est cet horizon qui chaque jour se pare,
Somptueux vêtement sur la nature avare,
Des splendeurs du soleil couchant.
Tout resplendit, les flots, la forêt solitaire,
Les brousses de la baie ; on dirait que la terre
Redevient un soleil ardent.
Et puis tout disparaît ; les mornes franges d’ombre,
S’estompent doucement, et l’île Nou plus sombre
Baigne son ombre dans les flots ;
Et le grand clair de lune au front des rocs superbes
Met de blanches lueurs, illumine les herbes
Et met des astres dans les eaux.