La mort
Ô viens me dit une voix douce
Plus que le murmure des bois
Des sources coulant sur la mousse
Et que les plus douces des voix
Ô viens dit un regard dans l’ombre
Semblable à la Seine le soir
Quand en suivant sa rive sombre
On va songeant sous le ciel noir
Viens je sais calmer la souffrance
Viens je te montrerai le port
Moi seule suis la délivrance
Viens sans crainte je suis la mort
Ô mort au temps des hécatombes
Je te défiais bien souvent
Toujours pourtant j’aimais les tombes
Dormant ainsi que des colombes
Sous le bleuâtre firmament
Je te revois souriante et belle
Comme je te vis aux combats
Il n’est pour mon front de rebelle
Nul abri plus doux que tes bras
Voyant s’enfuir au loin la vie
Je m’endormirais doucement
Écoutant la mer en furie
Se mêler aux chansons du vent
Et sous les ailes des cyclones
Sachant qu’il n’est plus de réveil
Entassant les jours monotones
L’horizon se ferait vermeil
Espoirs souvenirs espérance
Tout reviendrait en un instant
Mêlant le temps de mon enfance
À l’instant qui va s’effaçant
Je reverrais les rouges roses
Qui fleurissaient au fond du clos
Maintenant par milliers écloses
Elles seraient sur des tombeaux
Entre les bois et la montagne
Les hautes tours du vieux château
Les flots des blés dans la campagne
Courbés sous le vent du coteau
La lutte pour la délivrance
Au bruit des lourds canons tonnants
Et l’horizon s’ouvrant immense