La Marseillaise noire
déposée au guichet de l'Échelle pour Monsieur Bonaparte
À Paris, le 1.5 août 1865
Envoi à Adèle Esquiros :
À vous ce beau rêve éphémère
Souffle par le vent emporté
Car vous préférez sous Tibère
L'existence à la liberté
La nuit est courte et fugitive
En avant tenons-nous la main
Garde à toi citoyen qui vive
Républicain républicain
Entendez-vous les cris d'alarme
Écoutez gémir le tocsin
Lève-toi peuple aux armes aux armes
Passons passons les mers passons les noirs vallons
passons passons
Passons que les blés mûrs tombent dans les sillons
Entendez-vous tonner l'airain
Arrière celui qui balance
Le lâche trahira demain
Passons vivante Marseillaise
Souffle par l'orage emporté
Allons semant la liberté
Sur les monts et sur la falaise
Gloire aux martyrs honneur aux braves
Aux armes tous les cœurs vaillants
Ah plutôt mourir qu'être esclaves
Disons sous les glaives sanglants
Dans les cachots partout sans crainte
Honte à qui craindrait les tourments
Vive la république sainte
La république universelle
S'élève dans les cieux ardents
Couvrant les peuples de son aile
Comme une mère ses enfants
À l'Orient blanchit l'aurore
L'aurore du siècle géant
Debout peuple sois fort et grand
Debout pourquoi dormir encore
Tremblez renégats et [ ... ]
Pour vous nos fusils sont chargés
Et dans vos phalanges impures
Il en est bien qui sont jugés
Alors comme un affreux mirage
Devant vous surgira l'image
De tous nos frères égorgés
Ô ma république adorée
Lève-toi surgis en tout lieu
Ô mes amours Vierge sacrée
Qu'il est beau ton drapeau de feu
Découvrez-vous tous place place
Méchants plus de vœux superflus
À genoux vainqueurs et vaincus
C'est la république qui passe