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Louise MICHEL

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GERMINAL, LA LÉGENDE FUTURE

                               La chanson des dos




                                                                            Dédié à Félisque

                                                          Quand les heur’s a tomb’ comme un glas

                                                          La nuit quand y fait du verglas

                                                          Ou quand la neige a s’amoncelle,

                                                                         À la Chapelle.

                                                                          Aristide Bruant


La Guyane est à nos Césars,

Comme la Sibérie aux tsars ;

Faut pas qu’un anarchis revienne

                 De Cayenne.


Ni les anarchis, ni tous ceux

Qui prétend’ qu’on peut être mieux

Et qu’il faut qu’la liberté vienne

                 Sans Cayenne.


Liberté d’quoi ? Eh ! donc Clampin !

Liberté de crever de faim.

Il faut bien que l’ord’ se soutienne

                 Par Cayenne.


C’est la moind’ chos’ que tout chacun

Paye ce tribut opportun,

Que tout en’mi d’ l’État s’ promène

                 À Cayenne.


Pour nous et nos gouges, le soir,

On fait paisibles les trottoirs,

En j’ttant tout chacun qui s’démène

À Cayenne.


Qui donc dirait que Canovas,

À Montjuich ne torture pas ?

Qu’on n’assassine pas en Guienne

                 À Cayenne ?


Qui qu’applaudit avec fureur,

À la ballade de not’ emp’reur,

Là-bas où la potence est reine

                 Comm’ Cayenne.


Qui qu’eût crié viv’ Casimir,

Si l’on nous avait fait partir ?

Y a pas risque qu’on nous y mène

                 À Cayenne.


C’est les marmites ni les dos

Qui gueulent pour des temps nouveaux,

Et Mélin’ veut pas qu’on nous prenne

                 Pour Cayenne.


Nous ne faisons qu’ chercher dans l’ tas,

Les détritus des Panamas ;

Nous ne sommes pas d’ ceux qu’on traîne

                 À Cayenne.


Du reste, à monsieur Bérenger,

Nous promettons nous marier,

Quand nous aurons la poche pleine

                 Sans Cayenne.


Y’a pas qu’ nous qui sommes maq….x,

Six grands pouvoirs furent les dos

De la Turquie en sa géhenne

                 Loin d’Cayenne.


Où les puissances, proprement,

Furent marmites du Sultan,

Sans aller faire quarantaine

                 À Cayenne.


Nous sommes les soutiens d’ l’État,

Parfois aussi un magistrat,

Prend fem’ chez nous sans qu’on l’emmène

                 À Cayenne.


Le temps n’est pas d’honnir les dos

Nous sommes avec les pu gros.

Ils empêchent qu’on nous détienne

                 À Cayenne.


Ô la belle institution !

Par ce temps de troubles sans nom

Où qu’un dix-huit mars se ramène,

                 Que Cayenne.


Ceux qu’on n’pouvait pas fair’ plier,

En mai, dans l’ ventre on mit d’ l’acier,

Aujourd’hui c’est une autre antienne

                 À Cayenne


Des tas de morts ça sent mauvais,

Le progrès s’est fait ; désormais

Ne faut plus qu’un macchabée traîne

                 À Cayenne


Y a vingt-six ans on vit voler

Dans Paris des mouch’ de charnier,

On craint pu que la peste vienne

                 À Cayenne.


J’pense avec l’ gouvernement

Que les pavés couverts de sang,

C’est pas sain et qu’mieux vaut la plaine

                 De Cayenne.