La Muse rouge
Rêvant, j'ai vu, dans une aurore,
Une femme au regard puissant,
Qui planait, comme un météore,
Sur une mer aux flots de sang.
Refrain
C'est la Muse rouge,
Qui sort du sommeil,
C'est la Muse rouge :
Gare à son éveil !
Les cordes qui montaient sa lyre,
Provenaient des boyaux tirés
De la tripaille d'un gras sire,
Pendeur de braves inspirés.
Sur l'instrument, comme un tonnerre,
Ses doigts sanglants faisaient vibrer
Des sons de par toute la Terre :
Je crus que tout allait sombrer.
Soudain, de l'un à l'autre pôle.
Je vis d'innombrables soldats
S'entr'égorger ; c'était leur rôle.
L'horreur présidait aux combats.
Après ce barbare carnage,
Paraît l'Anarchie au grand jour.
Faisant partout, sur son passage,
Oeuvre de justice et d'amour.
Pour fêter sa lumière blonde,
Autels et trônes sont en feu ;
Le peuple autour danse à la ronde ;
L'Autorité n'est plus qu'un jeu.
Drapeaux et codes par les foules,
Au sein des bûchers sont jetés ;
Temples, casernes, prisons croulent
Sious la pioche des révoltés !
Et sur les places des frontières
et des palais où régnait l'or
Tous les humains deviennent frères,
L'homme affranchi prend son essor
Enfin le vieux monde succombe,
Les penseurs torturés, jadis,
Sur son universelle tombe,
Font de la Terre un Paradis.
Morale :
C'est la Muse rouge,
Qui sort du sommeil,
C'est la Muse rouge :
Gare à son éveil !
Le Père la Purge