Louise Michel
Ton histoire à déjà des couleurs de légende
" Il était une fois une femme au cœur tel
Que l'Amour y trouva son plus fervent autel
Son corps était brulé par son âme trop grande...
" Son pauvre corps sans âge, infiniment blessé.
Mais âpre et vif, et étroit comme une flamme pure ;
Son corps lourd de son cœur par tant d'espoirs bercé
Et plein de la pitié qui manque à la nature...
" Sa vie était un don qu'on ne peut contenir.
Les mots qui sont le Verbe abondaient à sa bouche.
Par elle l'Action, généreuse et farouche,
Sculptait dans le malheur des peuples l'Avenir.
" Elle fut, notre zèle et notre conscience ;
Et si vrai fut son rêve, et tant elle souffrit,
Que le monde nouveau qui dans le temps commence
Est fort de sa vaillance et beau de son esprit... "
Ô Louise, il est né, ton peuple ; il vient, de ce monde
Qui sera la moisson de tes maux, de tes pleurs :
Il se porte vers toi, fait des hommes meilleurs
Que ton exemple a suscités et qu'il féconde.
Il a ta raison calme et tes sûres ardeurs ;
Il reproduit ton rythme et tes fureurs candides...
Et l'on entend encor, dans leurs niches sordides,
Hurler les chiens dressés contre les rédempteurs.
Mais qu'un ordre tissu de haine te diffame :
Il le faut pour ta gloire et pour la Vérité :
Un tel signe te voue à l'immortalité,
Ô cœur trois fois viril, ô vierge trois fois femme,
Puisque tu fus Révolte, et Justice, et Bonté !
Georges Pioch