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Louise MICHEL

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GERMINAL, LA LÉGENDE FUTURE

                                                 Aux morts





Vroncourt avait de rouges roses,

Au cœur plein de poussière d’or ;

En été par milliers écloses,

Ô roses, je vous vois encor.


Et dans les aurores vermeilles,

Les pattes jaunes le matin,

Par milliers aussi, les abeilles

Y venaient chercher leur butin.


Comme leurs maîtres, les abeilles

Sont mortes, tout est renversé,

Toujours les aubes sont vermeilles,

Aux seuils ou la mort a passé.


Sur les tombes la mousse est verte,

L’herbe croît, nul n’y vient en pleurs,

Et moi par la fenêtre ouverte,

M’arrivent vos parfums, ô fleurs.


À Clermont, devant ma fenêtre

Fleurissait un grand rosier blanc ;

Quand la fleur s’ouvre, on voit paraître

Sur sa chair, des tâches de sang !


Ma mère aimait ces belles roses,

C’était fête, quand je pouvais

En envoyer, fraîches écloses ;

Elle n’en verra plus jamais.


                                                                 Saint-Lazare, janvier 1885