Au 3è conseil de guerre
Prison de Versailles, 4 septembre 1871
Tous ces temps, ce sont votre ouvrage,
Oh ! quand viendront des jours meilleurs,
L’histoire, sourde à votre rage,
Jugera les juges menteurs.
Et ceux qui chassent à la proie
Comme aujourd’hui suivront vos pas ;
Cette clique des coups d’États,
Mouchards, escrocs, filles de joie,
Cassaigne, Mauguet, Guibert, Merlin, bourreau.
Gaveau, Gaveau !
Léger, Gaulet, Labat, taïaut ! taïaut ! taïaut !
Vous avez le poing sur la hanche
Et vos uniformes sont beaux.
Il en faut relever la manche,
Car le sang tache les bourreaux.
Allez, allez ! Les morts vont vite ;
Et puis notre nombre est si grand,
Que vous nagerez dans le sang.
Allez, allez ! Je vous invite,
Cassaigne, Mauguet, Guibert, Merlin, bourreau.
Gaveau, Gaveau !
Léger, Gaulet, Labat, taïaut ! taïaut ! taïaut !
Allez, sous l’horreur et les rires,
Vous êtes, pour les nations,
Les hyènes et les vampires
Et les vers des corruptions.
Fourmillez tous dans la nuit sombre,
Aveugles larves du cercueil ;
Vous ne voyez pas sur le seuil
L’avenir qui déchire l’ombre.
Cassaigne, Mauguet, Guibert, Merlin, bourreau.
Gaveau, Gaveau !
Léger, Gaulet, Labat, taïaut ! taïaut ! taïaut !
Eh bien ! non ces sinistres fauves,
Ce ne sont pas les plus hideux.
Il est quinze grands vautours chauves,
Quinze monstres, bien plus affreux.
Le comité du coup de grâce,
Bastard, Voisin, Balba, Martel,
Maillé, Tanneguy-Duchatel,
Bourreaux que jamais rien ne lasse.
Lacaze, Peltereau, bigot, Cosne, Paris,
Tolbane, Merveilleux, Quinzonas, les maudits.
Auberive, décembre 1871