À Paule Minck
1er mai 1901, 2 heures de l’après-midi au Palais de Cristal,
envoyé avec un groupe international.
Quand enfin nous atteignons l’ère
Où tous les peuples sont debout
Elle n’est plus qu’une poussière
Et la sève du siècle bout
Nous jetons l’ancre sur la grève
Et la mort l’emporte sur son rêve
Ayant combattu jusqu’au bout
Elle ne verra pas la terre
Tout entière à l’humanité
La fin de l’horrible misère
Mais elle en sut le temps compté
Elle savait que s’ouvre un âge
Et rien ne lassa son courage
Pour conquérir la liberté
Elle entendait venir les houles
Qui vont emporter le passé
Elle voyait les grandes foules
Qui vont être l’humanité
Et savait qu’en une seconde
Une grève prenant le monde
Apporterait la liberté
Comme du haut d’une montagne
On voit tout le cycle à la fois
Il monte au loin de la campagne
Le bruit des haches dans les bois
Ce sont dans les immenses plaines
Bûcherons des forêts humaines
Des esclaves terreur des rois
Elle vit soufflant la fournaise
Comme les spectres de géants
Ceux qui feront quatre-vingt-treize
Moujiks femmes étudiants
Du nord agitant le suaire
Elle sentit frémir la terre
Quand leur voix passe dans les vents
Toujours saignés aux quatre veines
Les peuples se réuniront
Ensemble ils briseront leurs chaînes
Et les tortures cesseront
Aujourd’hui que l’ombre encor lâche
La récompense c’est la hache
Quand la mort seule l’interrompt
En mai le mois des hécatombes
Sous la terre est un souffle ardent
Et rouges fleurissent les tombes
Ainsi que des roses de sang
Que sur elle aux roses pareille
Reste dans l’aurore vermeille
La souvenance fleurissant