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Louise MICHEL

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LE LIVRE DU BAGNE

                                   À bord de la « Virginie »





                                                                                    14 septembre 1873

Voyez, des vagues aux étoiles,

Poindre ces errantes blancheurs !

Des flottes sont à pleines voiles

Dans les immenses profondeurs ;

Dans les cieux, des flottes de mondes,

Sur les flots, les facettes blondes

De phosphorescentes lueurs.


Et les flottantes étincelles,

Et les mondes au loin perdus,

Brillent ainsi que des prunelles ;

Partout vibrent des sons confus,

Disant les légendes nouvelles ;

Le coq gaulois frappe ses ailes.

Au guy, l’an neuf, Brennus, Brennus.


L’aspect de ces gouffres enivre.

Plus haut, ô flots ! plus fort, ô vents !

Il devient trop étroit de vivre

Tant ici les songes sont grands.

Ne vaudrait-il pas mieux renaître,

Et s’insurger pour disparaître,

Dans les fracas des éléments !


Enflez les voiles, ô tempêtes !

Plus haut, ô flots ! plus fort, ô vent !

Que l’éclair brille sur nos têtes !

Navire, en avant ! en avant !

Pourquoi les brises monotones ?

Ouvrez vos ailes, ô cyclones !

Traversons l’abîme béant.


                                               Dans les mers polaires, à bord de la Virginie