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Louise MICHEL

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GERMINAL, LA LÉGENDE FUTURE

                                                         À Blanqui





                                Envoi à notre ami Cipriani, le brave et cher ami qui nous manquait                                 aux funérailles.


La mort, après dix ans de bagne,

A pris le vieux de la montagne ;

Eh bien oui ! nous meurtriers,

Eh bien oui ! lâche et vile meute,

C’était le père de l’émeute

Et nous sommes les émeutiers !


Peut-être si le peuple est brave,

S’il se lasse enfin d’être esclave,

D’émeute en émeute, on fera

Sa révolution première ;

De l’implacable égalitaire

Sur vous le niveau passera.


Pour l’homme la tombe est béante,

Mais l’idée est là flamboyante,

Planant sur l’enfouissement,

L’idée éblouissante et pure,

Qui monte et grandit sans mesure

Quand l’être retourne au néant.


De cette foule qu’on fusille,

Hier nous étions deux cent mille

Comme autrefois pour Victor Noir ;

Et Galliffet, menant l’armée,

Pouvait en levant son épée

Changer la crypte en abattoir !


Mais les monstres dans l’épouvante

Entendent la mer menaçante,

La grande mer des nations ;

Ils savent que l’heure est venue

Où la multitude inconnue

Dresse ses pâles légions !


Naguère, nous étions à peine

Une poignée, objets de haine

Que chacun osait renier,

Et sur la sanglante bannière

Le vieux révolutionnaire

Aujourd’hui prend le monde entier !


Debout pour les luttes dernières,

Nihilistes incendiaires,

Esclaves jacques serrons-nous ;

Tous ceux qui n’ont ni Dieux ni Maîtres,

Qui ne sont ni valets ni traîtres,

Saluons notre père à tous !


Salut pour ceux qui sont dans l’ombre,

Pêle-mêle entassés sans nombre,

Pour les fils, qui surent mourir !

Et toi, foule immense et grondante,

Devant toi pour la lutte ardente

Passent ceux qui doivent périr.