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Victor HUGO

ODES ET BALLADES

                    À L’OMBRE D’UN ENFANT

                                   

                                           ODE SEIZIÈME



                                                                                               Qui es in cœlis.


! PARMI les soleils, les sphères, les étoiles,

Les portiques d’azur, les palais de saphir,

Parmi les saints rayons, parmi les sacrés voiles

                 Qu’agite un éternel zéphir !


Dans le torrent d‘amour où toute âme se noie,

Où s’abreuve de feux le séraphin brûlant,

Dans l’orbe flamboyant qui sans cesse tournoie

                 Autour du trône étincelant !


Parmi les jeux sans fin des âmes enfantines ;

Quand leurs soins, d’un vieil astre, égaré dans les cieux,

Avec de longs efforts et des voix argentines,

                 Guident les chancelants essieux ;


Ou lorsqu’entre ses bras quelque vierge ravie

Les prend, d’un saint baiser leur imprime le sceau,

Et rit, leur demandant si l’aspect de la vie.

                 Les effrayait dans leur berceau ;


Ou qu’enfin, dans son arche éclatante et profonde,

Rangeant de cieux en cieux son cortège ébloui,

Jésus, pour accomplir ce qui fut dit au monde,

                 Les place le plus près de lui ;


O ! dans ce monde auguste où rien n’est éphémère,

Dans ces flots de bonheur que ne trouble aucun fiel,

Enfant ! loin du sourire et des pleurs de ta mère,

                 N’es-tu pas orphelin au ciel ? 


                                                                         Octobre 1823

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