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Paul ÉLUARD

VERS MINUIT



Des portes s'ouvrent des fenêtres se dévoilent

Un feu silencieux s'allume et m'éblouit

Tout se décide je rencontre

Des créatures que je n'ai pas voulues


Voici l'idiot qui recevait des lettres de l'étranger

Voici l'anneau précieux qu'il croyait en argent

Voici la femme bavarde aux cheveux blancs

Voici la fille immatérielle

Incomplète et laide baignée de nuit et de misère

Fardée de mauves et de pervenches absurdes

Sa nudité sa chasteté sensible de partout

Voici la mer et des bateaux sur des tables de jeu

Un homme libre un autre homme libre et c'est le même        

Des animaux enragés devant la peur masquée de boue
Des morts des prisonniers des fous tous les absents


Mais toi pourquoi n'es-tu pas là pour m'éveiller.

 

LA VIE IMMÉDIATE

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