TOI, FRIVOLE LIBERTÉ !
Tu traînes aux abords des prisons
Tu vas légère et aérienne d’une fenêtre à l’autre,
Effleurant leurs mains accrochées aux barreaux
Tu les nargues et t’enfuies fredonnant ta chanson
Celle des êtres qui rêvent de mer et d’horizon.
Frivole, tu vas, gracieuse, soulevant tes jupons
Aux pays où, cachées, les femmes sont voilées.
Dans la nuit calme, chaude, étoilée
On entend le froissement furtif et léger
Des tissus qui s’évaporent sur le désert.
Tu cours dans les médinas du Maghreb,
Te faufiles dans les souks,
Tu gagnes la casbah,
Poursuis ta course jusqu’en Palestine.
Mais ce n’est rien qu’un souffle de vent chaud,
Qu’un brin de brise qui s’amenuise,
Un jet de pierre dans le désert.
Plus prudente et craintive,
Tu rodes autour des peuples opprimés.
Plus généreuse, tu lèves des Apartheid.
Passive, tu contemples les enfants qui travaillent,
Aux yeux bridés, à la peau sombre, au ventre creux.
Tu te fais prier pour nourrir les espoirs des humbles,
Des sans rêves, des bols de riz pour tout salaire.
Tu pourrais plus souvent parler au cœur des hommes
Mais tu vagabondes autour de la terre
Tu te prélasses au soleil, te nourris de sa chaleur
T’abreuves de pluie et t’endors en Haïti.
Pourtant combien de fusillés, combien de garrottés !
Et combien de défilés !
Combien d’œillets rouges à la boutonnière pour vous
Madame Liberté.
Chantal T.