LE CONDUCTEUR DE MÉTRO
Sacoche bleue sous son bras,
Il vient à la même heure,
Le rituel du matin
À pas feutrés, en sourire.
La vide, repart
L’autre courrier dedans.
On a dit deux mots,
Le froid, la pluie.
Il s’assoit, parfois,
Et cause de voyages
Et de cirque.
Parce qu’il fut clown, avant.
Dévêtu du nez rouge,
Il conduit le métro
Drôle de voie
Jusqu’à cette anecdote,
Un risque du métier
Mais la piste a changé.
Un voyageur saute
Face au train
Qui entre en station
Se colle à la vitre
Le regarde et tombe.
Pas perdre son sang froid
Wagons avec des gens pressés
Autres trains sur la ligne arrêtée
À l’odeur de chair brûlée.
Les consignes,
Les gestes de sécurité
Ne pas en oublier
Et rassurer les gens choqués.
Le lendemain, il sillonne le tunnel
Comme avant.
Le jour d’après, il reste à quai
Tremble, transpire et bégaye.
Il lui reste les nuits
Au fond du tunnel maudit
Il remet son nez rouge et fuit
Toutes les nuits.
Depuis, il porte le courrier
Station Bonne Nouvelle.
Chantal T.