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                 ZONE LIBRE



Fading de la tristesse oubli

Le bruit du cœur brisé faiblit

Et la cendre blanchit la braise

J’ai bu l’été comme un vin doux

J’ai rêvé pendant ce mois d’août

Dans un château rose en Corrèze


Qu’était-ce qui faisait soudain

Un sanglot lourd dans le jardin

Un sourd reproche dans la brise

Ah ne m’éveillez pas trop tôt

Rien qu’un instant de bel canto

Le désespoir démobilise


Il m’avait un instant semblé

Entendre au milieu des blés

Confusément le bruit des armes

D’où me venait ce grand chagrin

Ni l’œillet ni le romarin

N’ont gardé le parfum des larmes


J’ai perdu je ne sais comment

Le noir secret de mon tourment

À mon tour l’ombre se démembre

Je cherchais à n’en plus finir

Cette douleur sans souvenir

Quand parut l’aube de septembre


Mon amour j’étais dans tes bras

Au-dehors quelqu’un murmura

Une vieille chanson de France

Mon mal enfin s’est reconnu

Et son refrain comme un pied nu

Troubla l’eau verte du silence

Louis ARAGON

LE CRÈVE-CŒUR

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