TRIOMPHE DE LA MOUSTACHE
Dans une cravate paon triste
L’épingle à l’air de s’emmerder
Améthryste pic pic pic les petites perles
Le tout surmonté d’un Monsieur
Le Monsieur porte des paupières
Avec mille plis sanieux qui font riche
Derrière l’or du lorgnon
Et quelle moustache imposante Blond filasse
Perpétué par le tabac
Il y aurait à dire des moustaches
Qu’elles sont l’honneur d’une nation qui n’en a pas d’autre
Le superbe baldaquin comme il surmonte élégamment
L’égout des lèvres et le petit fessier du menton
Le complet veston anonyme le bloum la légion d’honneur
Tout ça disparaît s’efface et la trogne
Petite violette s’éteint
Devant le poil qui part des narines
Pour s’effiler vers les bajoues
Telle est la majesté de la moustache
Que ce n’est pas seulement le pauvre con qui la porte
Qu’on ne voit plus à l’ombre de ce mancenillier
Mais que le paysage en ressent le contrecoup dévastateur
Les vitres se brisent le plancher se fend
Les tapis se roulent en silence
On remarque des repasseurs de couteaux
Qui s’arrêtent dans la rue et ne savent plus ce qu’ils
Ont bien pu faire de leur meule
La meule en réalité
S’est enfuie au pays des rêves Elle est
Tombées amoureuses des moustaches
Elle voudrait les aiguiser
Desiderata de l’émeri mais hélas
Elle a pris le mauvais chemin
Car les moustaches
Sont parties cahin-caha
Dans une direction tout autre et voyez-les
Là-bas pareilles à un aéroplane
Qui vont à travers le ciel pur d’une belle
Matinée hivernale
Vers la porte des cabinets