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Louis ARAGON

LE MOUVEMENT PERPÉTUEL

    POÈME DE CAPE ET D'ÉPÉE



Les chevaliers de l’ouragan s’accrochent aux volets des boutiques

Ils renversent les boîtes à lait comme de simples mauviettes

Ils tournent autour des têtes

Ils vont nostalgiquement s’appuyer à la boule barbue des coiffeurs


Chevaliers de l’ouragan

Qu’avez-vous fait de vos gants


Au hasard des quartiers qu’ils ébranlent

Ils montent entre les maisons

En haut en bas en haut en haut

Ils soupirent dans les soupentes

Ils soupirent aux soupiraux


Chevaliers de l’ouragan

Mafia où mais où avez-vous mis vos gants


L’un s'éloigne l’autre s’approche

Ils sont deux je le vois bien

L’un s'éloigne c’est Saint Sébastien

L’autre s’approche c’est un païen


Chevaliers de l’ouragan

Comme vous êtes intrigants


Saint Sébastien arrache un peu ses flèches

Le païen les ramasse et les lèche

Saint Sébastien porte l'heure à son poignet

Trois heures dix


Chevaliers de l’ouragan

Où où où avez-vous mis vos gants


Hou hou dans les cheminées

Trois heures onze à présent

Y n’y a plus de métro depuis longtemps

Qu’allez-vous chercher dans les caves


Chevaliers de l’ouragan

Auriez-vous perdu vos gants


Ici j’ai mis ma cravate

Me répond Saint Sébastien

Le païen le païen ne dit rien

Il a l’air d’avoir égaré sa cravate ma parole


Chevaliers de l’ouragan

À l’égout s’en vont les gants


L’un regarde le présent

L’autre a des souvenirs dans les oreilles

L’un s’envole et l’autre meurt

La nuit s’ouvre et montre ses jambes


Chevaliers de l’ouragan

Chevaliers extravagants


  

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