PITRES
I
Avez-vous par écrit le rôle du muet
car j'ai la mémoire un peu lente à retenir
les vers des tirades galantes
lorsque le style de l'auteur est désuet
Mais si je sais jamais les dire
si je pénètre leur secret
je les dirai sur la lyre éolienne
à la servante aux cheveux roux du cabaret
ou peut-être à la Reine hautaine qui mire
un front pur à la claire fontaine
ces lutins dormeurs éveillés :
Amour, tes yeux émerveillés !
Si toutefois quelqu'un veut
du cœur de l'avaleur d'étoupes
II
Que le génie enfin se lève
que l'on espéra dès longtemps
Voilà deux heures que j'attends
le mystificateur du rêve
Qu'il soit un homme compétent
dans la paléontologie
mais peur qu'il soit mahométan
et sache écrire une élégie !
Ah surtout qu'il ait le dédain
des antiques automobiles
bourgeois et périmés témoins
du temps défunt où l'on bâtissait des usines !
Aura-t-il le gai courage
de répondre trois fois non
quand tonnera le canon
Et que l’ « oiseau du bocage »
écorchera sa chanson ?
Sa chair sera-t-elle forte
contre les vaines amours ?
L'essentiel c'est qu'il porte
un pantalon de velours
S'il ne vient pas c'est que sans doute
quelqu'un d'influent le retient
Ils ont coupé toutes les routes
Personne, personne ne vient :
Moi seul ai du génie et vous le savez bien