LES PETITES MARIONNETTES
Plus noir que le cœur de la renoncule
plus triste que les terrassiers de l'aurore
plus d'autre horizon que l'horizon
Dans ce monde où vit la Cravate avec le Pare-boue
ce n'est qu'un cri quand paraît le Pipi
paré de rubans hématuriques
Ma chère dit à l'Échelle l'Échalas
nous vivons une grande époque
épique
Plus noir que le goudron des villes
plus triste que le triste amour
plus fatigué que mort
Leur splendeur est un militaire
Leur diamant une putain
Dans des appartements luxueux et modernes
ils se branlent en regardant les timbres-poste du Chili
L'or des bidets devient en ménage avec la fille des briquets
automatiques
accessible à la poésie effroyable d'Alphonse de Lamartine
Plus noir que la mûre en Octobre
plus triste que le chien perdu
plus déchiré que les nuages
J'ai lu ce matin dans la Nouvelle Revue Française
un dialogue entre un littérateur et Trotzky
Un accident de chemin de fer ressemble au soleil d'aujourd'hui
J'ai lu ce matin l'histoire étrange de la destinée humaine
un œuf jeté dans un panier à rubans
J'ai coupé patiemment les pages de la Nouvelle Revue Française
Plus noir que l'année 1931
plus triste que l'année 1931
Ô finalement l'apothéose opéradique
de l'égout collecteur où la pensée et la baleine
de corset font un trio de mélancolie avec les tête coupées
des pavots des assassins des serments éternels
Étron de l'être et pourriture
de paradis au fil des gros sous dans la saumure historique
Nuit nuit nuit des propos tenus au jour le jour