LA MER INDIENNE
ET LE SOLEIL TOUT ROUGE
Plus haut plus haut tout monta tout descendit
en haut
de grandes pupilles tournent en cliquetant
sur les galeries de cèdre
dans mon souffle les sapins dansent
comme des grains de poussière
un bruit d'orgue de barbarie tombe
de la gueule des éléphants dans la nuit
mais quelqu'un cria vers la onzième heure :
relevez les jupes, bas les pantalons, sortez
la grosse caisse de la rotule laissez
tomber les tasses de café de la hauteur
des seins
OÏOHO OÏOHO les troupes des jeunes
phoques sortirent des cloaques
tout se cassa autour de la lune mais
ici les oiseaux empaillés étaient
perchés sur de longues barres d'acier
tout s'éparpilla et le coup de tonnerre
s'échappa du kiosque de pourpre
Ô écoutez ma prière vierges de croupions
et chasseurs de rats
Ô écoutez ma prière masseuses et
oursins qui vous promenez aux
sommets des fontaines dans l'éclat
de vos vêtements
Voici les mandarins ils ont mis à
sécher leur graisse
Ô haïbjoukoutouolornatourroupsk
tzerrrrrripstipipp tzeripstipipp ta
lloubolala talloubolalla tzerripsti‑
pipp ftipipp
car de la Tour Eiffel tombaient
les curés et les élèves de l'école
des eaux et forêts dans leurs uniformes
rose rouge
des vapeurs sulfureuses s'élèvent des
cadavres qui descendent les rivières
tout se voûta en haut tout perdit son sable
et dansa en aéroplane
les morceaux noirs éclatent hors du
cou l'abondance se déploie
le noir se déploie et chante la chanson
se déploie taloubolalla taloubolalla
ô écoutez ma prière
voyez mon gosier de papier brillant et de
cire vierge
les douzes fusillés dansent autour du vacher
sourd-muet
entre mes omoplates se promène Tzara le poète
Tzara le poète se promène avec cylindre et
parapluie
avec parapluie et cylindre se promène
Tzara le poète
il essuie la sueur de son front
il arrache de sa jambe la couronne de laurier
Ô Ô Tzara Ô Ô Embryon
Ô tête pleine de sang et de blessures