L'ENFER FAIT SALLE COMBLE
à Pablo Picasso
I
Saignez seins dégrafés à minuit
Les carafes les carafes
Je suis poursuivi par les carafes
Une arche en diamant dans le manteau de petit gris
Le baiser s'écorche aux lumières
Vous m'avez appelé par le parfum paupières
Paupières paupières battez une dernière fois
Est-il une autre nuit que votre meurtrissure
Corps des amants que vous avez peu de foi
Puisque rien mordre et jouir ne vous roue enfin comme elles
Approche ô roche de chair
Je t'attends par toute mon ombre
Je me déchire à toucher l'air
Qui te dérobe robe d'ambre
Ah nom de Dieu les carafes
Protégez-moi nom de Dieu des carafes
II
Tout au bout de l’air
La belle colère
Avec une longue longue taille
Le boulevard bougeait par mille mains sans gants
La belle colère
Couleur du sang des songes
Se caresse et respire et voilà qu'il fait nuit
Toutes les mains ont droit de toucher ce qui bouge
Toutes les mains ont droit avant de mourir de toucher à ce qui est
rouge
À ce qui est rouge et délicieux
Sauve-toi malheureuse voici
Les paumes du soir sur ta peau courante
III
Ne pensons plus aux bottines
Escarpolette escarpolette
Ô Paulette où sont les faveurs
C’est la Chandeleur en chambre
Un miroir sous l’oreiller
L'inconnu
Dans la nuit
Le sein nu
S'est enfui
Un miroir sous l’oreiller
Demain vient d’appareiller
Vers les chemins de halage
Une caresse au bord du sang
Vacille encore et c’est l’aurore
Le sein nu
L’inconnu
Le Soleil
S’éveille
X
IV
Disparais à jamais visage sans mystère
Le ciel est plus pur que tes yeux
Voici le grand lac Journée
Retourne au cœur de l’ombre et de la boue
Je touche enfin l’eau claire et le rire sauvage de l’existence
Retentit comme le tonnerre dans la campagne au-dessus des lits défaits
Femme tombeau que le gazon t’étouffe
Voici l’horizon doré de la raison
À moi seul la folie et dans mes anneaux de liberté
À moi par l’absence et la terreur
Le charme mobile et bizarre
Du changement et de l’oubli