GOBI 28
Plus rien ne m'est cher pas même
La douceur étrange de l'été
Pas même
La colère et sa sœur la brebis
Je ne veux plus rêver je déteste
Le sommeil je ne veux plus
Rêver
Plus rien ne m'est cher pas même l'amour
Et quand je dis l'amour ce mot comme une mer
Étoiles étoiles qu'êtes
Vous
Devenues
Vous ne niez pas l'existence du vent
Pourquoi s'interroger sur son existence à soi-même
Et si je nie l'existence du vent
Je comprends aujourd'hui ceux qui mutilent
Ceux qui crèvent leurs tympans pour ne plus
Entendre un nom qui les fatigue
Leurs yeux pour ne plus voir la langueur d'autres yeux
Ceux qui lacèrent leurs lèvres afin
De les rendre hideuses de les
Rendre impropres aux baisers
À ce baiser qui est tout ce que j'ai retenu de la vie
Ceux qui brisent leurs dents
Ceux qui rompent leurs bras
Je comprends ceux qui s'émasculent
C'est tout ce que vous avez à me dire
J'ai regardé des morceaux de charbon
Comme ils avaient l'air heureux
J'ai regardé une boîte d'encaustique entamée
J'ai regardé sans rire des vaches à bécane
J'ai regardé toute une famille qui se grattait
Sur un bahut il y avait
Il y a eu
un billet de loterie
Je l'ai pris
Je l'ai posé
Sur un autre bahut ébahi
J'ai regardé le billet de loterie
J'ai regardé le premier bahut
J'ai regardé le second bahut
Nous sommes précisément le jour anniversaire
Des 3 Glorieuses de la première des 3
Mais il s'en faut de deux ans que cela fasse
Cent ans
Dans deux ans
Il y aura des fêtes à Paris le soir à pareille époque
Aux flambeaux
On promènera des cadavres ce sera charmant