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Louis ARAGON

                          DÉJÀ DES FÉROCITÉS



Le tourment le marteau le martyre

Tout commence ou finit il faut bien que tout commence

J'ai pris les mesures Craies douces Désirs sans boléros

L'alpaga l'habitude ou les chansons

Ce sont des chansons de marche

Rire nouveau comme un pâtissier en habit jaune

Rire

Le pied le pas le beau le sol le sang le sang le sang

Tout le monde un refrain

Le fer Le feu Le velours rouge

L'amour hostie à l'Opéra

Consomme un tendre verre d'eau

Permis de chasse

Du matin au soir du soir au matin receleur des caresses

sans caractères par exemple le mot Quel enfant tu fais

Je me promène petit seigneur sur mes propriétés

La Terre avec une jolie barrière de méridiens

Et on ne peut pas dire non

Non nie non

Tiens

Fermez la fenêtre il y a des courants d'air

Les mots ont beau faire

Jamais je n'oublierai Dites-vous cela sérieusement

Les mots ont beau dire

À l'aise des couloirs de bruit nous mettons nos regards

Vestiaire doré plumier vide

La cloche

Comment peut-on trouver du plaisir à faire des choses

       pareilles

Je brûle une allumette tison

Je brûle une allumette tison

Andrinople des passions Femmes garnies de soutaches de

       couleur

Quand c'est fait ce n'est plus à faire

Encre de Chine vie amère

Si tout le monde en faisait autant

Cave à liqueurs bonté je me dissous par conséquent

Une hirondelle passe elle tient en son bec une marque de

       fabrique

Ce que c'est que de nous Le premier venu

Paroissiens tous paroissiens

Lien plus ténu qu'un sourire chez le coiffeur

Si le compas de proportions pouvait parler

Les confidences les plus émouvantes agitent les corsages et

       les gilets

La sincérité des bâtons de guimauve

Ils rencontrèrent un cordonnier qui versait de la poix sur

       un paysage ridicule

Tu surprendras le secret araignée d'oreille

Tu danseras avec Marie la bonne

Tu feras des emplettes

Tu n'as pas désiré une femme en bulles de savon

Tasseaux mes années qui baisèrent des tapis de chiendent 

Les cribles aux bouches de peur

Les maisons sans escaliers

je tourne depuis ma première communion sur un plateau

       semé de clous

je mange le manche d'un parapluie en pensant à l'avenir

C'est une dame qui porte des anglaises

Et qui prononce des railes des bouteilles une file

Odeurs d'armoires

L'avantage rouge-gorge et merise

Après est un démon en chaussettes

Par ciseaux j'entends le bruit de la rue

Un juron neuf tombe en claquant lanière en peau de

       coutume

Je pose en principe que le ciel est blonde

Expliquons-nous avant de parler

Les veines du marbre ne frissonnent pas quand on les

       caresse

 J'ai compté bien souvent les chiffres sans pouvoir en trou-

       ver plus de dix

Je mâche la lumière

Lavez-vous les paroles

Maison française

Favorisez les évasions malentendus

Brouillez à mort le pour et le contre

Compères et compagnons mirlitons

Militaires

Dans le jardin public on peut courir

Caresser les passantes

Jeter par terre le chapeau melon de son interlocuteur

Mentir

Rester seul immobile bousculé les yeux sur l'avertisseur

       d'incendie

Peau-Rouge aveugle Dynamomètre nègre qui crie comme

       la gloire au coup de poing de son maître

Je joue à la catastrophe avec mon cœur

On espère sous peu des événements décisifs.

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TEXTES ÉPARS   1917-1922