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Oui, je suis un pervers et un idolâtre

Published on November 14 2015 by Simon Castéran

Mon cher Daech,

J'ai bien lu ton communiqué de presse victorieux. Comme on l'imagine, tu dois être heureux du succès de tes attaques menées vendredi soir à Paris. Massacrer des civils innocents qui ne demandaient qu'à jouir d'un bon match de foot, d'un concert de metal ou tout simplement d'un petit restau entre potes, ça défoule, pas vrai ? Alors certes, ça ne te change pas beaucoup des milliers d'exactions commises quotidiennement, depuis des années, en Irak et en Syrie. Mais en bonne multinationale des lâches et des peine-à-jouir que tu es, il te fallait t'imposer sur le marché occidental. Ce que tu as fait, dès janvier, avec l'attentat de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. Toutes mes félicitations : grâce à tes happenings sordides et sanglants, la marque Daech est plus forte que jamais. Elle a même effacé jusqu'au souvenir d'Al-Qaeda qui, à côté de toi, semble désormais presque raisonnable.

Donc, tu as tué. Oh bien sûr, pas par goût du sang et de la violence, mais au nom « d'Allah le Très Miséricordieux ». Moi qui croyais que la "miséricorde" suppose la bonté et l'indulgence envers les autres, je ferais mieux de jeter mon dictionnaire. Et de m'acheter une kalachnikov et des grenades, pour m'en aller distribuer à mon tour amour et compassion partout où vous vous trouvez. Avant de laisser, sur vos corps enfin bénis, la photo de ma cousine Madeleine, que votre miséricorde a lâchement assassinée vendredi au Bataclan.

L'eussiez-vous connue, que vous l'auriez détestée immédiatement. C'était une femme libre et heureuse, pleine de cette lumière intérieure qui vous manque tant. Horreur suprême, c'était aussi une intellectuelle, qui aimait son métier de prof de lettres en collège. Car oui, chez nous, les femmes ont non seulement le droit d'être éduquées, mais aussi d'enseigner. Tout comme elles ont le droit d'aller où bon leur semble, d'écouter de la musique, de boire de l'alcool et d'aimer qui elles veulent. Sans burqa, ni violence. Bref, de jouir de cette liberté qui vous fait tant horreur. Et dont Paris, « la capitale des abominations et de la perversion », dis-tu, s'est fait depuis longtemps la représentante.

Oui, chers soeurs et frères, n'en doutons pas : l'abomination et la perversion n'est pas à chercher dans le massacre d'innocents par des fanatiques surarmés, qui travestissent le Coran en un manuel du parfait petit terroriste, mais dans cette vie païenne, faite de plaisirs et de joie. Cette « fête de la perversité » qui réunit, de semaine en semaine, des milliers « d'idolâtres » ; lesquels, au lieu d'adorer la Mort comme vous le faites en « [divorçant] de la vie d'ici-bas », préfèrent se rassembler pour communier ensemble, dans un instant de partage et d'adoration de l'existence.

À ce titre, mon petit, ridicule, mesquin Daech, je te dois un aveu : moi aussi, je suis un pervers et un idolâtre. J'aime la vie, le metal, les restaus et, parfois même, regarder un match de foot. Mea culpa, mea maxima culpa. Je suis un Croisé, comme tu dis. Un Croisé de la liberté, de l'amour et de la convivialité ; à la différence, cependant, que contrairement à toi, j'ai évolué depuis le Moyen-Âge. Ma religion n'est pas faite de fer et de sang, comme la tienne, mais de chair et d'espoir. Aussi, si tu veux un bon conseil, mon cher Daech, dépêche-toi : car l'Histoire est sur tes talons, et déjà les Lumières que tu veux éteindre menacent ton califat d'un autre âge.

« Allah est le plus grand », écris-tu. « Or c'est à Allah qu'est la puissance ainsi qu'à Son messager et aux croyants. Mais les hypocrites ne le savent pas » (sourate 63, verset 8). Sur ce point, je ne peux que te donner raison. Qu'on l'appelle Dieu, Yahvé ou Allah, le Tout-puissant n'a guère besoin que l'on tue en son nom, ni que l'on pervertisse Ses lois. Alors, pourquoi continuer à tuer ? Ton Seigneur est-il si faible, dans ton esprit, qu'il ne puisse agir de lui-même ? Je ne peux le croire. Ce que je crois, en revanche, c'est que tu t'arranges bien de Son silence. Qu'en tuant au nom de ce même Islam et des musulmans que tu prétends défendre, tout en les assassinant, c'est la Création divine que tu détruis. Ce qui fait de toi un impie, un pécheur, encore plus coupable que le croyant que tu exècres, ou les païens que nous sommes. Mais cela, les hypocrites ne le savent pas.

Cet article est dédié à la mémoire de ma cousine Madeleine, dont le seul crime fut d'aimer la vie. A la demande de ma famille, sa photo a été retirée, afin que de mauvais esprits n'en fassent pas un usage outrageant sur les réseaux sociaux.

 

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Le jardin des mots

Je suis un idolâtre


Je suis un idolâtre de la Liberté. Cette liberté de penser, de vivre, d’aimer. Cette liberté qui n’interdit rien à l’Autre si ce n’est de nuire à quiconque.

Je suis un pervers de l’Égalité. Égalité des sexes, en France ce pays impie, les femmes peuvent sortir, où elles veulent quand elles le veulent, apprendre, enseigner, voter, se faire élire. Les femmes peuvent aimer qui elles veulent sans à avoir rendre compte à qui que ce soit, elles peuvent s’habiller comme bon leur semble. Oui la Femme est l’égale de l’homme.

Je suis un hypocrite de la fraternité. Fils unique, je fraternise avec des gens qui ne pensent pas forcément comme moi, des gens qui n’ont pas obligatoirement la même couleur de peau que moi.

Je suis un croisé de la laïcité. Agnostique, je tolère à chacun de croire en son dieu, qu’il s’appelle Dieu, Yahvé, Allah, Bouddha ou tout autre, à la condition que cela reste dans la sphère privée et n’interfère pas avec la vie publique.

Je suis un impie qui aime la musique, même si je ne suis pas un fan du rock, j’aime toute la musique, à l’exception toutefois de celle des bombes, des kalachnikovs. J’aime les arts et je respecte les cultures, toutes les cultures même celles antérieures à l’hégire. J’aime le sport et les compétitions sportives même si je n’étais pas au Stade de France. J’aime aller aux spectacles, au resto en famille ou entre ami(e)s, déguster la gastronomie des spécialités régionales françaises ou européennes, mais aussi asiatiques, du Maghreb ou du moyen orient, je peux manger kasher ou hallal. J’aime boire un verre de jus de fruits, de vin, sur terrasse lorsqu’il fait beau.

Je suis un Parisien, amoureux de Paris, ville symbole de la Liberté et des Droits de l’Homme. Le Paris révolutionnaire, la ville lumière la ville des Lumières.

Je ne suis pas sans défauts : j’exècre les assassins, les lâches qui tuent froidement des hommes, des femmes, des enfants sans défense. J’exècre ces fanatiques mortifères, méprisables sans aucune humanité, qui ont perdu tout honneur et tout droit d’être des hommes… En somme, je pense être un homme normal, moi !


Michel Wissmann                               16.11.2015

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Vendredi 13 novembre 2015, des attaques terroristes ont ensanglanté Paris, au Stade de France trois barbares n'ayant vraisemblablement pas pu entrer dans le stade se font sautés avec des ceintures d'explosifs, 1 mort retrouvés près d'eux. Puis dans les 10è et le 11è arrondissements deux autres équipes d'assassins tirent des rafales sur des terrasses de restaurant, rue Bichat 15 morts, 10 blessés graves, rue de la Fontaine au Roi 5 morts et 8 blessés graves, rue de Charonne 19 morts, 14 blessés graves, boulevard Voltaire 1 terroriste se fait exploser, 1 personne gravement blessé. Puis le carnage avec prise d'otages dans un concert de "rock metal" au Bataclan 89 morts et des centaines de blessés.

L'Etat Islamique Daech revendique ces carnages...




Horreur inacceptable... voici deux textes de révolte dont un très beau plein d'humour et de pudeur posté sur les réseaux sociaux par un Toulousain Simon Castéran, s'adresse à Daech qui a assassiné sa cousine au Bataclan...