LE RAMEAU DE BUIS BÉNIT
CHANSON
Mars 1818
VOULANT vous faire un don léger,
J’ai songé d’abord à la rose ;
Mais son éclat est passager,
Et près de vous, c’est peu de chose.
D’un vieux buis, qui vit deux printemps,
J’ai préféré vous faire hommage ;
S’il est triste, il dure longtemps,
N’est-ce pas bien là mon image ?
Votre main, le jour des Rameaux,
Le prit, sans trop d’indifférence ;
J’étais heureux ; mais en deux mots,
Vous me ravîtes l’espérance.
« Oui, j’accepte ce rameau-là,
Car il est béni… » quel dommage !
Si vous l’aviez pris sans cela,
Je l’aurais béni d’avantage.
J’ai couvert ce faible présent
D’un voile de piété feinte,
Pour que votre cœur innocent
Crut pouvoir l’accepter sans crainte ;
J’aurais voulu, j’en fais l’aveu,
(Quelle candeur était la vôtre !)
Qu’en vous l’offrant au nom d’un Dieu,
Vous le prissiez au nom d’un autre.
ENVOI
Mes dons sans doute ont peu droit de vous plaire ;
Et c’est pour vous une offrande légère
Qu’un vieux buis, desséché depuis un an entier ;
Mais pour moi, quand vos mains l’ont reçu sans colère,
Il est plus doux qu’un myrte et plus beau qu’un laurier.