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Page DESBORDES-VALMORE Marceline

Inès



Je ne dis rien de toi, toi, la plus enfermée,
Toi, la plus douloureuse, et non la moins aimée !
Toi, rentrée en mon sein ! Je ne dis rien de toi
Qui soufres, qui te plains, et qui meurs avec moi !

Le sais-tu maintenant, ô jalouse adorée,
Ce que je te vouais de tendresse ignorée ?
Connais-tu maintenant, me l'ayant emporté,
Mon cœur qui bat si triste et pleure à ton côté ?

Au naufrage d'un tel amour.

Par pitié, sois-nous inflexible !
Pour ce sacrifice impossible,

Il fallait le secours des cieux,
Et les regarder dans tes yeux !

Contre toi le sort n'a plus d'armes ;
Oh ! Ne pleure pas... bois mes larmes !

Lève au ciel ton front abattu ;
Je t'aime à jamais : le sais-tu ?

Mais te voilà près de la porte...
La terre s'en va... je suis morte !...

Hélas ! Je n'ai pas dit adieu...
Toi seul es sauvé devant Dieu !

Marceline DESBORDES-VALMORE

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