LA RUMEUR
Ceux de la vallée font traîner la rumeur
Légère d’abord, elle prend de la hauteur
Le petit chat de la Françoise est mort
C’est au bord d’un chemin qu’on a trouvé son corps
La Françoise, une silhouette robuste qui traverse la nuit
Fleur sauvage devenue vieille avec ses cheveux gris
On ne parle même plus d’elle dans les rues du patelin
Pourtant c’est ici qu’elle est née un joli mois de juin
Les anciens se souviennent d’une enfant galipette
Très jolie et joyeuse, espiègle et gentillette
Aimant un gars du bourg quand ils avaient 20 ans
Puis ce fut à Verdun il y a bien longtemps
Parfois, elle descend la colline son visage aux abois
Dans sa blouse en coton et ses sabots de bois
S’enraciner des heures au monument aux morts
Et parler à un nom sur le marbre gravé d’or
Puis sourire aux oiseaux qui égayent son sort
Cultiver son jardin est son petit bonheur
Le chagrin l’a surprise et n’en est plus sorti
La solitude l’habite depuis qu’il est parti.
Chantal T.