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FAGNES DE WALLONIE



TANT de tristesses plénières
Prirent mon cœur aux fagnes désolées
Quand las j'ai reposé dans les sapinières
Le poids des kilomètres pendant que râlait
Le vent d'ouest

J'avais quitté le joli bois
Les écureuils  y sont restés
Ma pipe essayait de faire des nuages
                         Au ciel
Qui restait pur obstinément

Je n'ai confié aucun secret sinon une chanson énigmatique
Aux tourbières humides

Les bruyères fleurant le miel
Attiraient les abeilles
Et de mes pieds endoloris
Foulaient les myrtilles et les airelles
Tendrement mariée
                         Nord
                         Nord
La vie s'y tord
En arbres forts
                         Et tors
La vie  y mord
                         La mort
A belles dents
Quand bruit le vent

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Guillaume APOLLINAIRE

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