Solitude
1772-1802
héroïne de la lutte contre l'esclavage
La mulâtresse Solitude (vers 1772 - 1802) est une figure historique de la résistance des esclaves noirs en Guadeloupe.
Solitude est née vers 1772 en Guadeloupe, dans la commune du Carbet de Capesterre.
Elle est née esclave car elle était la fille d'une négresse bossale. Capturée dans son village natale, elle avait été violée lors de la traversée vers les îles. Elle fût donc le fruit des « amours » de vaisseaux négriers. Selon la légende c'était une belle métisse à la peau souple et d'un brun acceptable et ses deux yeux étaient de nuances différentes.
Source de convoitise des maîtres par sa beauté. Après le marronnage de sa mère qui n'avait pas pu l'emmené dans sa fuite, elle fût élevée dans la grande case des maîtres, à la manière des autres mulâtres, qui servaient d'intermédiaires entre les noirs et les blancs. Elle vécu ainsi jusqu'aux évènements révolutionnaires des années 1790.
En 1794, après 5 ans de débats houleux des parlementaires de Paris pour savoir si la Déclaration des droits de l'homme de 1789 était applicable aux nègres l'Assemblée décrète l'abolition de l'esclavage.
Lorsque Bonaparte sous la pression des propriétaires, dont la famille de Joséphine, et des marchands d'esclaves décida de rétablir l'esclavage dans les colonies, dont la Guadeloupe, cela déclencha de nombreuses insurrections dans l'île. Les nègres ayant goûté à la liberté ne voulaient la laisser s'échapper. C'est à cette époque que Solitude entra en marronnage au côté de ses compagnons de guerre. Femme sans peur, elle combattait farouchement machette à la main face aux soldats du général Richepance.
Combattante de la Liberté pendant l'épopée de Delgrès et Ignace en 1802, ils menèrent bataille sans relâche afin d'atteindre ce dernier souffle de liberté tant espéré. Le tournant de la bataille eu lieu le 21 mai 1802, quand Delgrès et ses troupes sont contraints d'abandonner leur retraite au fort Saint-Charles, pour rejoindre l'habitation Danglemont à Matouba. Là, fût organisé l'îlot ultime de la résistance. Lors du dernier assaut donné par les hommes de Richepance, accompagnés de nègres qui avaient perdu l'esprit de solidarité, la bataille fit rage jusqu'à ce que Delgrès fit sauter l'habitation.
Solitude grièvement blessée après l'explosion, fût capturé et condamnée à mort, excepté le fruit de son ventre, car elle était enceinte. Elle fût exécutée au lendemain de son accouchement, le 29 novembre 1802. Le mystère plane encore sur le devenir de son enfant…
Solitude, son nom resta dans l'histoire non parce qu'elle participa à la grande bataille, mais parce qu'elle s'illustra en vraie guerrière défenseur de la liberté.
Elle incarne réellement l'image de la femme potomitan (fanm fô) de l'époque. Solitude ; cela rappelle la situation actuelle de beaucoup de femmes, mères ; qui mènent, seule, leur guerre tous les jours, afin que leur progéniture ne tombe pas dans la misère. Respect pour elles.
Mulâtresse de naissance, elle demeura négresse dans l'âme et ce jusqu'à la mort. Une statue fût érigée en sa mémoire en 1999, au carrefour giratoire de la Croix Abymes.
Son nom restera dans l'histoire mais pas assez dans les mémoires.
Pour plus de précision sur sa vie vous pouvez lire l'extraordinaire roman d'André SCHWARZ-BART, intitulé "La mulâtresse Solitude" (Edition Point).
On peut avoir un aperçu de qui elle était dans le film, "1802 : l'épopée guadeloupéenne" du réalisateur Christian LARA.
Le terme mulâtre (au féminin mulâtresse) désigne l'individu né d'un père noir et d'une mère blanche, ou d'une mère noire et d'un père blanc ou de deux parents mulâtres. Il est tiré de l'espagnol mulo (mulet).
Ce terme mulâtre a un peu vieilli en France, n'étant utilisé de façon relativement courante qu'aux Antilles (milate, mot créole dans les îles francophones), ou par des écrivains, des artistes. Les équivalents portugais et espagnols mulato (et mulatto) restent couramment utilisés, c'est peu le cas dans d'autres langues.
De nombreuses personnes estiment que le terme mulâtre est ancien, trop lié à l'esclavage et péjoratif. Ils trouvent l'étymologie faisant référence au mulet (lui-même fruit d'un métissage) peu honorable et préfèrent utiliser le terme de métis qui est néanmoins un peu moins précis car il comprend toute sorte de métissages, le terme mulâtre ne concernant lui que les personnes issues d'un parent blanc et d'un parent noir.
Le marronnage était le nom donné à la fuite d'un esclave hors de la propriété de son maître en Amérique, aux Antilles ou dans les Mascareignes à l'époque coloniale. Le fuyard lui-même était appelé Marron ou Nègre Marron.