Jacqueline Auriol
Aviatrice pilote d'essai
1917-2000
Elle a intensément vécu sa passion : l'aviation. Jacqueline Auriol a été la première femme à franchir le cercle très fermé des pilotes du Centre d'essais en vol de Brétigny-sur-Orge. Elle a surtout été l'une des premières à franchir le mur du son.
Née Jacqueline Douet le 5 novembre 1917 à Challans, en Vendée et décédée le 11 février 2000, elle fut la première femme pilote d'essai.
Après des études secondaires, elle se sent attirée vers l'art et la décoration.
Elle prend son baptême de l'air à Grenoble à 16 ans, sans conviction. Elle sera l'une des toutes premières à franchir le mur du son. C'était en 1953.
Portrait d'une pionnière exceptionnelle.
Rien ne prédisposait la belle-fille de Vincent Auriol, président de la République de 1947 à 1954, a être sanglée dans le cockpit d'un chasseur, prête à passer le mur du son. Sur la piste d'envol du Centre d'essais en vol (CEV) de Brétigny-sur-Orge, au cœur de l'Essonne, ce 29 août 1953, Jacqueline Auriol se prépare à faire résonner le ciel d'un « double bang » à 13 500 mètres d'altitude. Elle est alors âgée de 36 ans, pilote depuis cinq ans et détient déjà le record féminin de vitesse avec 818,181 km/h.
C'est son mari qui l'entraîne vers ses premiers tours de piste sur le terrain de Saint-Cyr, près de Paris, où elle obtient son brevet de pilote privé en 1948.
Elle trouve dans l'aviation un nouvel art de vivre. Elle s'initie à la voltige, guidée par Raymond Guillaume, ancien de Normandie-Niemen, un des leaders de la Patrouille d'Etampes - l'équivalent actuel de la Patrouille de France - et commence à se produire en meeting.
Passagère d'un hydravion, elle est victime d'un terrible accident au visage lors de la collision de l'appareil avec le plan d'eau. Plus de deux ans de chirurgie réparatrice lui seront nécessaires. Installée aux Etats-Unis, elle vole entre deux interventions chirurgicales, passant ainsi sa qualification de pilote d'hélicoptère et d'avion à réaction.
À son retour en France, elle veut devenir pilote professionnel et entrer dans le cercle très fermé des pilotes d'essai du CEV de Brétigny. Près d'un an de travail lui est nécessaire pour décrocher le sésame : la réussite au concours de l'EPNER (Ecole du personnel navigant d'essais et de réceptions). Elle est la seule femme au monde à obtenir ce diplôme prestigieux.
Pilote d'essai, elle teste des appareils très divers allant de l'avion de chasse à la Caravelle ou au jet d'affaires. Tous les appareils sont en effet soumis au CEV pour vérifier leurs qualités de vol, bilan dont dépend la sécurité des futurs passagers. Il s'agit aussi pour les “ essayeurs en vol ” de contrôler si tous les équipements mis à bord, l'instrumentation en premier, sont bien conformes aux normes annoncées par le constructeur. Des vols minutieusement préparés et analysés a posteriori qui peuvent toutefois se révéler très dangereux. Comme le jour où Jacqueline Auriol se trouve engagée dans une vrille à plat à bord d'un Mystère IV, dont elle ne sort que très proche du sol, et revient se poser avec un appareil qui porte la marque de la violence des efforts subis.
Cette période est aussi celle de la “ guerre des Jacqueline ” entre elle et sa rivale américaine Jacqueline Cochran. Elles s'affrontent à coups de records de vitesse. La Française remportera 4 fois ces records. Le premier dès 1951 à bord d'un Vampire avec 818,181 km/h. Elle signera même à bord d'un Mirage III deux fois la vitesse du son avec 2 038 km/h en circuit fermé. Elle s'éteint à l'âge de 82 ans en février 2000, en ayant totalisé plus de 5 000 heures de vol et piloté plus de 140 types d'avions différents.