Alexandra Mikhaïlovna Kollontaï
Féministe, femme politique, première femme ambassadeur
Alexandra Mikhaïlovna Kollontaï (1872-1952)
Née en 1872, est une des plus grandes figures féminines du parti bolchevik en 1917.
Après avoir fait partie des mencheviks suite au Congrès du POSDR en 1903, elle lutte contre la guerre dès 1914 et rejoint le parti de Lénine en 1915. Elle participe à la Révolution russe et sera la première femme au monde à participer à un gouvernement, après la Révolution d'Octobre. Grâce à son activité et au mouvement révolutionnaire des ouvrières, celles-ci obtiennent en Russie le droit de vote, l'équité des salaires, et en 1920 le droit à l'avortement. A partir de 1918, Alexandra Mikhaïlovna Kollontaï va de plus en plus s'opposer aux dérives du parti bolchevik et participera à la fondation en 1920 d'une fraction interne, l'Opposition ouvrière.
Révolutionnaire et féministe russe, Alexandra Mikhaïlovna Kollontaï fut la première femme ministre, puis ambassadeur, de l’histoire. Seule ou presque de la vieille génération bolchevik, elle échappa à la répression stalinienne.
Alexandra Mikhaïlovna Kollontaï, fille unique d’un général membre de l’état-major russe, refuse à 17 ans un mariage imposé et obtient trois ans plus tard d’épouser l’homme qu’elle aime. Mais elle a pris le goût des voyages en Europe et des idées révolutionnaires. Tôt séparée de son mari, dont elle avait eu un fils, elle réside à Berlin, Paris, Genève, en Italie, rencontrant les figures du mouvement révolutionnaire russe (Plekhanov, Lénine), allemand (Rosa Luxemburg, Kautsky), français (Paul Lafargue, gendre de Marx, dont elle prononce l’éloge funèbre à Paris en 1911). Rentrée en Russie lors de la révolution de 1905 elle y révèle ses talents d’oratrice, mais doit vite s’exiler.
Féministe et marxiste, elle participe avec Clara Zetkin à la conférence internationale des femmes socialistes (1910) qui décide la célébration du 8 mars, journée des femmes. Au congrès de l’Internationale socialiste de 1912 sa fougue oratoire la fait qualifier de « Jaurès en jupon ». Répudiant « les dogmes vétustes de la morale bourgeoise hypocrite », dans ses écrits comme dans sa vie, fière de sa beauté, elle ne cache pas ses liaisons amoureuses, qui choquent Lénine.
La guerre mondiale l’amène à se réfugier dans les pays neutres d’Europe du nord, puis aux États-Unis où elle multiplie conférences et meetings. Naguère de sensibilité menchevik, elle devient alors bolchevik. Rentrée en Russie en mars 1917, seule femme à siéger au comité central bolchevik, elle se prononce pour l’insurrection d’Octobre. Aussitôt nommée commissaire du peuple à l’Assistance publique, elle fait adopter le mariage civil, l’égalité entre enfants légitimes et naturels, et le divorce par consentement mutuel. Sa défense de l’amour libre, son intention de détruire la famille, agacent fortement Lénine, d’autant qu’elle rallie peu après la minorité de l’ « Opposition ouvrière » au sein du parti bolchevik. Elle participe pourtant activement à la propagande révolutionnaire, se dépensant sans compter à travers la Russie.
Commence ensuite sa carrière de diplomate : en 1922 elle représente la Russie soviétique en Norvège, première femme à occuper un tel poste, élevé au rang d’ambassade en 1924. Toujours féministe, membre honoraire de la « British Society for Sex Psychology », elle écrit sur la sexualité masculine et féminine (Eros), et sur la morale nouvelle (Le Mode de vie et la morale prolétarienne). Après une brève mission au Mexique, elle redevient en 1927 ambassadeur d’URSS en Norvège puis en Suède. Ses manières demeurées aristocratiques, son multilinguisme, son expérience politique en font une efficace exécutante de la diplomatie soviétique, qui échappe aux purges staliniennes. Elle quitte pourtant précipitamment la Suède en mars 1945. Dès lors, d’une santé dégradée, elle vit à Moscou ses dernières années dans l’isolement, et meurt en 1952.